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Coronavirus: "Il n'y avait pas de capitaine dans le bateau durant 3 mois", estime Yves Coppieters, épidémiologiste

Un rapport d’experts dénonce la mauvaise gestion de la pandémie Covid19 par Sciensano, l’institut belge de santé publique. Yves Coppieters, épidémiologiste et professeur de santé publique à l'ULB, a remis un rapport préparatoire au Parlement.

"J'ai voulu démontrer, en tout cas analyser, le manque de réactivité et de préparation à cette crise. Que ce soit dans le testing ou dans toutes les stratégies avant la crise. C'est vrai qu'on avait des informations déjà début mars que l'épidémie était cinq fois plus mortelle qu'une grippe saisonnière et que l'expérience de l'Italie allait arriver chez nous", a expliqué Yves Coppieters sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche. 

Selon lui, la Flandre a été favorisée en effectuant plus de tests Covid que la Wallonie, car il n'y avait pas de stratégie uniforme à l'échelle des régions par rapport au testing. "La Flandre a eu plus de tests au démarrage de l'épidémie, car l'accès au test était plus facile, les critères n'étaient pas standardisés à l'échelle des régions. La région qui a eu le moins de tests était clairement la région bruxelloise en démarrage de crise alors que potentiellement, c'était une zone dense et qu'on savait que c'était une zone à risque. Tout cela doit être documenté", a précisé l'homme qui n'a pas encore fait de véritable enquête. 

"il n'y avait pas de directives claires"

"Je pense que certains laboratoires de biologie clinique en Flandre ont pris les devants plus rapidement par rapport à la région wallonne et la région bruxelloise où les laboratoires ont eu plus de mal à prendre les devants par rapport aux directives officielles", a ajouté l'épidémiologiste. 

Il explique que cette situation s'est produite à cause d'un manque de "stratégie harmonisée et de critères clairs". "Ca a mis plus de trois mois pour arriver à une situation beaucoup plus claire où la stratégie est efficace pour l'instant. Mais il a fallu 3 à 4 mois pour arriver à cela", a détaillé l'expert.

"Je pense que chacun a un peu fonctionné à son niveau, a pris des initiatives, mais le problème est qu'il n'y avait pas de directives claires, pas de capitaine dans le bateau pour dire ce qu'on pouvait faire ou pas", a dit l'homme. Pour ce dernier, Sciensano a réagi trop lentement malgré les avertissements. 

La réponse de Sciensano

Steven Van Gucht, président du Comité scientifique et chef du service Maladies virales de Sciensano, a répondu à ces attaques le 4 septembre. 

"Ce n'est pas du tout correct. Il ne faut pas oublier que la première vague qu'on a connu en mars, est une situation qui s'est développée en 2 semaines. Comme dans beaucoup d'autres pays, le virus nous a pris un peu par surprise", a répliqué Steven Van Gucht. 

Yves Coppieters, qui ne partage pas cet avis, a précisé sa pensée sur le plateau de l'émission: "Comme je l'ai dit, début mars, on avait déjà toute une série d'informations. Il y a deux choses qu'on savait déjà. Que la mortalité était importante et que les personnes les plus âgées étaient le facteur de risque majeur de cette future pandémie qui allait arriver chez nous. Et cette information était déjà sur les plateaux de télévision. Les politiques et Sciensano, systématique, sous-évaluaient ce risque, c'est ça le problème".

"Je pense que c'est un problème de conservatisme, de fonctionnement, peut-être peu réactif... Mais il faut être réaliste. Ces structures n'avaient pas toutes les ressources non plus pour mener ça", a tenu à préciser Yves Coppieters.

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