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D'après un expert, il n'y a "plus un euro" pour financer le renouvelable: le ministre Crucke refuse l'idée d'une taxe... mais ne propose rien pour l'instant

Les subsides aux panneaux solaires ont laissé une dette énorme à la Wallonie: 2 milliards d'euros. Pour rembourser, mais aussi pour financer de nouveaux projets d'énergies renouvelables, un groupe de travail, une "task force", propose de lever une taxe de 45 à 50 euros par ménage et PME pour mettre fin au report de la dette des certificats verts. Sauf que le ministre wallon de l'Energie et du Budget s'y oppose.

Damien Ernst, professeur en électromécanique et président du groupe de travail qui a émis cette proposition, et le ministre Jean-Luc Crucke, se sont rendus sur le plateau de l'émission C'est pas tous les jours dimanche sur RTL-TVI pour donner leurs points de vue.

Il n'y a plus un euro avant 2025 sans refinancer le système

D'emblée, Damien Ernst a dit vouloir "mettre quelque chose au point". "Il n'y a pas qu'une taxe dans les recommandations de cette task force. C'est un vrai espoir pour la transition énergétique. Maintenant, pourquoi cette taxe? Le système de soutien au renouvelable est endetté jusqu'au cou. Si vous arrêtez de soutenir tous les projets, vu le niveau d'endettement et le niveau de taxation, vous ne récupérez une marge de manœuvre pour financer de nouveaux projets qu'en 2025", a indiqué le spécialiste.

"Monsieur Crucke veut s'engager sur des objectifs de 40% de renouvelable en 2030, mais il n'a pas d'argent avant 2025! Et si en plus il faut repasser à 15 ans pour donner des certificats verts (ndlr: pour des panneaux photovoltaïques), c'est en 2027 ou 2028 qu'il dégage une marge de manœuvre. Et il veut arriver à 40% de renouvelable en 2030… C'est impossible!", estime Damien Ernst.

D'après l'expert, "il n'y a plus un euro avant 2025 sans refinancer le système". Damien Ernst indique que le groupe de travail a pris ses responsabilités en proposant une taxe pour refinancer le système de l'ordre de 150 millions d'euros par an. "Je ne voulais pas venir avec des mesures populistes et laisser des cadavres dans le placard, et refiler ça au gouvernement suivant. Avec ces recommandations, c'est clair: on les applique et plus jamais il n'y aura de problème dans le secteur du renouvelable", affirme Damien Ernst.

Si j'avais la formule aujourd'hui, je vous la donnerais

Invité à réagir, Jean-Luc Crucke s'est dit "content" que Damien Ernst ait rappelé qu'il y avait d'autres propositions à côté de la taxe. "Je reconnais le mérite à cette task force, cette commission, que j'ai mise au point et que j'ai proposée. Et je ne regrette pas d'avoir choisi M. Ernst comme président", a-t-il commenté.

Sur le manque d'argent actuel, le ministre a exprimé son désaccord. "On n'a pas beaucoup d'argent. Dire qu'on est désargenté, ce n'est pas vrai non plus. Dire que ça va être difficile de trouver une solution, c'est exact. Dans l'élément qui nous oppose, dans l'ensemble des éléments, vous ajoutez une taxe de 45 euros pour les ménages. Ma philosophie, c'est que toucher au portefeuille des gens directement, c'est jamais une solution", confié Jean-Luc Crucke.

Christophe Deborsu, le présentateur de l'émission, a alors invité le ministre à expliquer ce qu'il proposait pour résoudre le problème. "Si j'avais la formule aujourd'hui, je vous la donnerais. Je vous rassure, je ne l'ai pas non plus. C'est bien pour ça que j'ai demandé à la task force de réfléchir. La procédure veut que le gouvernement prend acte, et demande à la Cwape (ndlr: Commission wallonne pour l'Energie) de donner son point de vue. J'ai lu dans le rapport de M. Ernst que l'administration était prête aussi à donner son point de vue", a répondu Jean-Luc Crucke.

Le libéral a indiqué qu'il souhaitait "respecter les uns et les autres dans leurs compétences". "Ça reviendra ensuite au gouvernement et nous prendrons notre responsabilité. On ne reportera pas au prochain gouvernement. La Wallonie doit trouver la solution, mais elle ne passera pas par une taxe supplémentaire sur les Wallons", a-t-il réaffirmé.

En fin de débat, Jean-Luc Crucke a finalement indiqué que le gouvernement ferait une proposition aux alentours de "juin ou juillet".

C'est quasi historique d'avoir un accord dans le secteur

Pour le chroniqueur Michel Henrion, c'est une "situation un peu surréaliste, avec un ministre qui met une commission en place, et puis quand les conclusions arrivent il est un peu réticent". Jean-Luc Crucke a rétorqué que son rôle politique était "de se dire qu'il y a d'autres solutions, et on va les trouver".

Pourtant, Damien Ernst a ensuite rappelé que les propositions formulées étaient le fruit d'un "travail monstrueux". "Il ne faut pas oublier, la task force, il y a un accord. Tout le monde l'a signé. Les gros consommateurs… C'est quasi historique d'avoir un accord dans le secteur. Un secteur qui est bien balancé et qui défend les gens, le public", a-t-il expliqué. 

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