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Les prix de l'énergie en forte hausse, jusqu'où vont-ils grimper? "Ça va détruire l'épargne de la classe moyenne", s'insurge le professeur Damien Ernst

Les prix de l'électricité et du gaz naturel ont atteint des sommets en Europe mardi. En quelques heures, ils ont augmenté de 10%, alors que le moindre mouvement de marché provoque la panique parmi les opérateurs de marché (traders). Les prix de l'électricité et du gaz naturel ont atteint des hauteurs inédites.

La hausse du prix de l'énergie aura un impact significatif sur la facture de nombreux ménages. Par le mécanisme de la TVA, l'Etat pourrait engranger environ 200 millions d'euros de cette augmentation. Plusieurs partis plaident donc pour que ce gain serve à diminuer l'impact sur les consommateurs. Il est question d'une prolongation du tarif social de l'énergie, soutenue notamment par les écologistes.

Face à la hausse des prix de l'énergie et à l'entame du conclave budgétaire, le PS propose l'octroi d'un chèque énergie de cent euros à tous les ménages. Le MR suggère quant à lui un mécanisme provisoire de cliquet. Dans l'opposition, le PTB a appelé à une réduction de 21% à 6% de la TVA sur l'énergie. Le cdH plaide lui aussi dans ce sens mais en plafonnant la quantité concernée pour éviter un effet pervers sur la consommation.

Les principaux ministres du gouvernement fédéral ont repris ce dimanche leurs discussions sur le budget 2022 en réunion plénière. La hausse du prix de l'énergie sera bien évidemment l'un des principaux dossiers sur la table. Certains partenaires gouvernementaux voudraient annoncer un accord dès ce dimanche alors que d'autres se montraient plus sceptiques, le dossier étant une partie de l'ensemble du budget pour lequel l'échéance est, en principe, le discours de politique générale à la Chambre le 12 octobre.

Ça va s'arrêter quand il y aura un mécanisme de destruction de la demande

Les experts les plus pessimistes parlent d’une crise économique sans précédent. C'est le cas de Damien Ernst, professeur en électromécanique à l'ULiège. Sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche, Damien Ernst ne mâche pas ses mots. "On est face à une crise énergétique majeure. Où les prix vont-ils s'arrêter? Pourquoi croissent-ils? Parce qu'il n'y a plus assez de gaz de charbon sur les marchés de gros. Ça va s'arrêter quand il y aura un mécanisme de destruction de la demande tellement les prix seront élevés. Ça va être Madame qui va arrêter de se chauffer mais c'est aussi des usines qui ferment. Ça va créer une inflation sur d'autres produits. Derrière cette augmentation du prix de l'énergie qui est catastrophique, se cache un mécanisme inflationniste important. Ça va détruire l'épargne de la classe moyenne. On est face à une situation qui est un appauvrissement massif de la classe moyenne qui va payer plus pour son énergie, plus pour les produits et qui va voir son épargne détruite", s'exclame-t-il. 

Pour Philippe Defeyt, économiste, il est important de ne pas "compromettre le futur avec des mesures à court terme". "On a l'expérience de deux crises économiques via 2 chocs pétroliers (...) Dans les deux cas, la principale conséquence économique est que des sociétés qui étaient au bout de leur logique ont été balayées", rappelle l'économiste. Faut-il s'attendre à un même scénario? "Comme c'est parti. Mais je pense que l'on n'est pas encore à ce stade-ci. Mais il y a un risque. D'autant plus que cette fois-ci, il y a le risque de pénurie sur d'autres marchés. Rappelons qu'il y a une responsabilité politique et qu'il faut travailler le futur", ajoute-t-il. 

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