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Inondations: il n'y avait personne derrière les ordinateurs pour lancer l'alerte, expliquent des députés

Avec presque 40 morts, les inondations de juillet sont le plus grand drame en Wallonie depuis la catastrophe au charbonnage du Bois du Cazier en 1956. Outre les morts, il y a toujours des milliers de sinistrés qui vivent souvent dans des conditions catastrophiques.

Cela dit, cinq mois plus tard, on en sait beaucoup plus sur ce qui s’est passé: communications défaillantes à tous les niveaux, outils efficaces mais pas utilisés… Les principaux députés membres de la commission d’enquête ont participé à un débat sur ces questions dans l'émission C'est pas tous les jours dimanche sur RTL TVI.

Une alerte presque deux jours en retard

Des informations alarmantes existaient dès le lundi 12 juillet, presque 48 heures avant les débordements. Le Système européen de sensibilisation aux inondations (EFAS, European Flood Awareness System) a par exemple annoncé dès le lundi que le débit de l'Ourthe allait dépasser un niveau record vieux de cent ans.

 

Les fonctionnaires wallons en charge des cours d'eau ont reçu cette notification. Il n'y a pourtant pas eu de pré-alerte ni d'alerte publiée avant le mercredi 14 juillet, presque deux jours plus tard. "C'est l'une des erreurs qu'on a constaté dans la façon dont la Région wallonne a géré les choses. Les prévisions étaient déjà alarmantes le lundi et le mardi, et dans la nuit du mardi au mercredi, en première partie de nuit, on a déjà franchi les niveaux de pré-alerte et d'alerte. Malheureusement, c'est seulement à 6H du matin qu'on déclenche l'alarme", indique François Desquesnes, député wallon du CDH. "On déclenche l'alarme quand on a déjà les pieds dans l'eau".

La Région wallonne n'organise pas une permanence continue

Mais pourquoi ce retard? "La difficulté, c'est que le système de la Région wallonne n'organise pas une permanence continue", avance François Desquesnes. Y a-t-il donc un manque de personnel sur le terrain? "Ce n'est pas sur le terrain, c'est derrière les machines. Pour surveiller les niveaux, il faut qu'il y ait une permanence 24H sur 24 pour surveiller, quand il y a un niveau d'alarme, tirer la sonnette d'alarme le plus rapidement possible", répond le député CDH. D'après lui, c'est l'un des problèmes identifiés qui fera l'objet d'une recommandation de la commission.

Le système européen n'est pas le seul a avoir transmis des informations alarmantes. La Wallonie dispose également d'un programme appelé Hydromax. Il a aussi publié des prévisions inquiétantes dès le mardi 13 juillet en journée.

Un nouveau centre, mais "personne pour voir ces alertes"

 

Malgré ces indications, les services wallons ont tardé à lancer l'alerte. Le député wallon du PTB, Julien Liradelfo déplore l'absence de personnel pour voir ces informations reçues. "Ce n'est pas que le fonctionnaire n'a pas vu les alertes, je pense que la première chose c'est qu'il n'y a personne pour voir ces alertes", lance-t-il. "Ce problème est connu depuis cinq ans. Il y a un centre Perex qui a été créé pour centraliser les services qui peuvent avoir une vigilance 24H sur 24, sept jours sur sept. Il y a des beaux ordinateurs, mais ce centre est vide. Ce centre est vide parce qu'on n'a pas mis les moyens, on n'a pas engagé du personnel. Ça fait cinq ans que les services publics wallons demandent du personnel, il s'agit de sept personnes. Les ministres qui se sont succédés, CDH et Ecolo, n'ont pas engagé le personnel suffisant", accuse Julien Liradelfo.

Interrogée sur la question, la députée du Mouvement Réformateur Sabine Laruelle tempère. "Je crois qu'il faut éviter de tomber dans des raccourcis. La commission d'enquête essaie de faire un travail en profondeur. Il y a des personnes qui sont de garde, et qui dès 5H le mercredi a regardé", indique-t-elle.

On parle pourtant d'alertes qui sont déjà arrivées lundi et mardi. Pourquoi n'y a-t-il pas eu d'alerte de crue lancée directement? "Ils étaient là aussi le lundi. C'est une question à laquelle on devra essayer de répondre. Mais par exemple, des fonctionnaires en province de Namur ont, dès le mardi, envoyé une alerte en disant qu'il faut maintenir le niveau des eaux le plus bas possible. En province de Liège, ce message n'est pas parvenu et n'a pas été disséminé. Donc il y a un problème d'anticipation et nos recommandations devront proposer un certain nombre de mesures très concrètes", expliqué Sabine Laruelle.

> Suivez notre édition spéciale sur les inondations ce lundi dès 19H sur RTL TVI et RTL INFO: "Après le Chaos, la reconstruction"

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