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La Belgique fait-elle trop peu examiner ses morts par un médecin légiste? "Quand on est trop loin, on hésite à nous appeler"

En Belgique, seul 1% des morts est examiné par un médecin légiste. En France, ce chiffre s’élève à 4%, contre 8% en Allemagne. Chez nous, le risque de se faire assassiner sans que personne ne le détecte est donc bien plus grand qu’ailleurs. Le constat avait déjà été fait en 2011 mais rien n’a changé depuis. Quelles sont les difficultés rencontrées par les médecins généralistes appelés pour constater un décès ? Comment décide-t-on qui sera autopsié et qui ne le sera pas ? Manque-t-on de médecins légistes ? Toutes ces questions étaient au cœur du débat dans "C’est pas tous les jours dimanche".

Sur le plateau de "C’est pas tous les jours dimanche", un constat inquiétant a été révélé par Denis Fontaine, administrateur de pompes funèbres. Chaque mois, il rencontre 5 cas de circonstances anormales concernant un défunt. "Nous devons avertir le Parquet environ 5 fois sur 1000 cas. La personne présente des coups, cela peut être une chute dans les escaliers, un coup au visage, une personne âgée tombée de son lit pendant la nuit… Ce sont des morts qui sont considérées comme des morts violentes et qui ne sont pas prises en compte."

Denis Fontaine précise : il ne s’agit pas systématiquement de meurtres. Mais selon lui, le certificat de décès présente une anomalie. "On ne nous demande pas si c’est une mort violente ou naturelle, mais s’il y a un obstacle à l’inhumation. Ce n’est pas assez clair."


"Je signe le papier et retourne auprès de mes patients"

En Belgique, ce sont les médecins généralistes qui sont appelés lorsqu’une personne décède. Ces derniers se retrouvent alors face à deux situations différentes : celle où ils connaissent le défunt et celle où ils ne le connaissent pas lorsqu’ils sont de garde, par exemple. "Le décès est là et je le constate, explique Michel Devolder, président de la Fédération des Associations de Médecins Généralistes de Bruxelles. Le médecin signe le papier mais n’a pas la vocation d’enquêteur. Je constate la mort, je signe le papier et je retourne auprès d’autres patients qui ont besoin de moi."

Lorsqu’un médecin légiste est appelé, la situation peut aussi être compliquée. "Nous sommes assez peu nombreux mais couvrons tout de même tout le territoire, affirme Philippe Boxho, directeur de l’Institut médico-légal de Liège, qui dénonçait déjà le manque de médecins légistes en 2011. Quand nous sommes loin, on hésite à nous appeler, parce que le délai est long. Cela provoque de l’attente pour tout le monde et des frais supplémentaires, comme ceux du trajet."


"Il ne s'agit pas d'engager"

Comme le souligne la chroniqueuse Emmanuelle Praet, tout acte a un coût et l’aspect financier est très important dans ce manque de médecins légistes. Philippe Goffin, président de la Commission Justice à la Chambre, député fédéral et bourgmestre de Crisnée (MR), a annoncé une future mesure du gouvernement en ce sens. "Une proposition pourra être débattue pour dire que dans le cas d’une mort violente, inhabituelle, le médecin généraliste fera appel à un médecin légiste pour confirmer ou pas les causes du décès."  Pour l’instant, ce n’est pas obligatoire. "Il ne s’agit pas d’engager mais de faire appel à quelqu’un qui a une compétence plus affûtée par rapport à ce problème bien particulier." Pas question donc d’engager de nouveaux médecins légistes. A ce manque s’ajoutent des problèmes de formation de ces derniers et de moyens financiers.

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