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La dette belge et wallonne augmente: faut-il s'inquiéter? Les explications du gouverneur de la Banque nationale

Pierre Wunsch, gouverneur de la Banque nationale, a fait le point sur la situation économique du pays dans l'émission C'est pas tous les jours dimanche sur RTL TVI. Que nous réserve 2022, après une année 2021 qui a amorcé la reprise? Certains voyants sont pourtant au rouge: tout augmente dans les magasins, l’inflation refait surface. Et puis, la Wallonie et même la Belgique entière, semblent toujours plus étranglées par leur dette. Pour y remédier, on pourrait devoir repasser à l’austérité.

Ce qui restera du Covid, c’est une dette inédite par son ampleur. Cela vaut pour l’Etat belge, mais davantage pour la Wallonie, touchée par les inondations. En 2026, la dette de la région sera de 45 milliards d’euros, c’est-à-dire 2,6 fois les revenus annuels de la région. Dès 2025, la Wallonie recevra moins de l’Etat fédéral en raison de la révision de la loi de financement. 60 millions en moins chaque année, c’est-à-dire 600 millions en moins en 2034.

Ce dimanche dans l’émission C'est pas tous les jours dimanche, Christophe Deborsu recevait l’économiste et le gouverneur de la Banque nationale de Belgique, Pierre Wunsch. D’entrée de jeu, le présentateur posait cette question: la Wallonie peut-elle s’en sortir avec une dette pareille, sans refinancement de l’Etat fédéral? L’invité estime qu'a priori, la Wallonie devrait s’en sortir. "Le gouvernement wallon s’est engagé à prendre des mesures dans les années qui viennent à concurrence de 150 millions par an cumulatif pour que le déficit se réduise et que la dette soit sous contrôle".

L’économiste précise que nous sommes pour l’instant dans un environnement de taux relativement bas. "Mais c’est tout le sujet, il faut commencer à se préparer à une montée potentielle des taux. Et donc en bon ordre, s’arranger pour que le déficit se réduise et que les choses restent sous contrôle".  

Un plan de relance wallon qui ne fait pas l’unanimité

La Wallonie prépare un plan de relance qui va coûter 7 milliards d'euros. La FGTB et l'Union wallonne des entreprises critiquent ce plan. Christophe Deborsu a demandé à son invité s'il croit à ce plan de relance. "Il y a une multitude de mesures, donc je trouve que c'est difficile. On va voir, ils vont le mettre en place. Je pense que directionnellement il y a une série de choses qui sont intéressantes. On doit travailler sur tous les enjeux climatiques, on doit travailler sur l'innovation. C'est dans le plan, maintenant on va voir comment ça se passe [...] On vit une période économique difficile. On sort d’une grosse crise qui était assez bien géré, maintenant on a une incertitude sur Omicron. Mais effectivement, on a un déficit budgétaire élevé. Si on ne fait rien, on prend un gros risque." 

Lors de cet entretien, Pierre Wunsch a souligné le manque d’activité dans le secteur privé. "C’est l’assise économique qui n’est pas suffisamment solide. Il faut développer le secteur privé en Wallonie. On a un problème de soutenabilité de ce modèle économique."

Quelle est la situation de l’Etat fédéral?

Dans la presse flamande, Pierre Wunsch a déclaré que "le déficit belge est l’un des plus gros d’Europe. On n’a pas de réserve. Si on a une nouvelle crise économique et si on ne reconstitue pas nos réserves , on va vivre un scénario à la Grecque dans 5 à 10 ans." 

Sur le plateau de C’est pas tous les jours dimanche, l’économiste a rectifié un peu ses propos. "Je veux dire qu’on risquait de revenir dans une situation comparable à celle de la Grèce, au Portugal et de l’Espagne il y a quelques années, dans le sens où on ne contrôle plus le moment où l’on va pouvoir réduire le déficit. Si vous ne faites rien, la dette va augmenter un peu chaque année et tout a l’air d’être sous contrôle. Et puis vous avez une crise qui arrive. A ce moment-là, on sait que le déficit va encore augmenter. Et là, les marchés commencent à s’inquiéter, les taux d’intérêt montent. Vous n’avez plus le choix, vous devez assainir au moment où c’est le plus dur socialement".

Le message du gouverneur de la Banque nationale de Belgique n’est donc pas que la Belgique va faire faillite. Il veut prévenir que si on ne constitue pas des réserves, quand le prochain choc va arriver, le pays sera mal préparé et le gouvernement devra prendre des mesures qui feront mal socialement.

La crise économique est-elle vraiment finie ?

La Belgique est en croissance, même si elle se ralentit ces derniers mois. Mais il y a des signaux inquiétants. L’inflation augmente à cause du prix de l’énergie qui s’affole. Christophe Deborsu a demandé à son invité si l’inflation l’inquiétait? "Les salaires vont augmenter pour compenser cette inflation. Le pouvoir d’achat va augmenter parce qu’il y a une bonne prestation au niveau de l’emploi. Mais les 4,5% de la hausse des salaires, c’est surtout pour compenser l’inflation. C’est un choc de compétitivité. A court terme, nos entreprises vont perdre en compétitivité".

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