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Meurtre de Julie Van Espen: il y avait un moyen légal pour enfermer Steve Bakelmans

Après le meurtre de Julie Van Espen, il y a toujours cette question : pourquoi Steve B. était-il en liberté alors qu’il avait été condamné pour viol? Et de nouveaux éléments du dossier indiquent que la justice aurait pu craindre que l’homme ne se soustraie à l’exécution de sa peine. Lors de sa première condamnation pour viol, Steve B. est rentré trois fois en retard d’une permission pénitentiaire (et une fois durant 7 mois).

Sur le plateau de C’est pas tous les jours dimanche, Benjamin Dalle, le sénateur et président du CD&V bruxellois, a estimé qu’avec les éléments dont on dispose aujourd’hui "évidemment, on peut dire que ce n’était pas la bonne décision. Je ne sais pas ce qu’il y avait dans le dossier du juge. En 2017, la chambre du conseil avait libéré la personne en question sous conditions et elle avait respecté ses conditions, c’était peut-être l’un des éléments retenu par le juge".

Christophe Deborsu a rappelé qu’un porte-parole de la justice anversoise a indiqué que le juge n’était pas au courant que Steve B. ne s’était pas présenté à temps en prison entre 2004 et 2008.


Une jurisprudence existe

"Le ministère public a accès à ces données, on peut les consulter", a répondu Benjamin Dalle qui a soulevé encore un autre point : il y a une jurisprudence qui aurait pu être utilisée pour enfermer Steve B. dans l’attente de son procès en appel : "Un juge à Hasselt a décidé que s’il y avait une peine prononcée de quatre ans, ce qui est le cas ici, il y a presque d’office un risque de fuite parce que c’est une peine importante. Avec les règles existantes, le juge avait donc la possibilité de prononcer l’arrestation immédiate. On constate qu’il ne l’a pas fait. Avec les données qu’on a aujourd’hui, on se rend compte malheureusement que ce n’était pas la bonne décision."

Magalie Clavie, présidente de la Commission d'avis et d'enquête du Conseil supérieur de la Justice, a insisté sur le fait qu’il fallait se garder de porter un regard rétroactif sur une décision prise : "On connait maintenant énormément d’éléments et ces éléments n’étaient peut-être malheureusement pas portés à la connaissance de tous les intervenants".


Au final, qui est responsable?

Dominique Demoulin , journaliste judiciaire RTL INFO, a noté deux points: d’abord la banalisation des faits de viol et concernant la justice, un problème de responsabilité: "On a l’impression que personne n’est responsable en bout de course, il faudrait développer cette culture de la responsabilité. Les problèmes de communication, on les connait depuis toujours notamment dans l’affaire Dutroux ou l’affaire Amrani à Liège".

Ce report de responsabilité entre le judiciaire et le politique qui se renvoient la balle a également été évoquée par Magalie Clavie : "Je trouve que ça manque un peu de dignité et j’ai un peu honte quand je compare avec la dignité énorme de la famille de Julie". "Le manque de moyens, il est là. La justice a été sous-financée, cela a des conséquences directes mais est-ce le seul problème ? Je ne le crois pas. Il y a moyen d’optimaliser le peu de moyens qu’on a. Il faut faire rentrer certaines techniques managériales etc. En tant que Conseil supérieur de la Justice, on va investiguer cela. Il faut pouvoir tirer les leçons de ce drame", a ajouté la présidente de la Commission d'avis et d'enquête du Conseil supérieur de la Justice.

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