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Taxer les riches pour qu'ils contribuent plus ou ne pas les taxer pour qu'ils restent chez nous ? Ils ont tranché, gauche contre droite (video)

L'impôt sur la fortune refait son apparition dans le programme de 3 partis : PS, PTB et Ecolo/Groen. Ils sont d'accord sur le principe, un peu moins d'accord sur les chiffres. Par contre, de l'autre côté de la table, c'est niet ! Pour la droite flamande CD&V, N-VA comme pour le cdh, pas question de taxer les plus riches si on veut les garder en Belgique. Sur la fiscalité, la rupture n'est pas linguistique ; elle est idéologique.

Ce dimanche, des candidats francophones et néerlandophones de tout premier plan débattent sur le plateau de "C'est pas tous les jours dimanche". Parmi les sujets sur la table, la fiscalité. Et dans ce cas, la rupture n'est pas linguistique ; elle est idéologique, et bien connue, c'est gauche contre droite. 

Le PS, le PTB et Groen ont tous trois dans leur programme un impôt sur la fortune. Mais attention, pas question de faire peur : "C’est seulement ceux qui ont plus de 1.250.000 € en dehors de leur maison et de leur outil de travail qui paieront une telle taxe", détaille Paul Magnette, bourgmestre de Charleroi et tête de liste PS aux Européennes.

Il vient d'être confronté au témoignage d'un bijoutier carolo, qui s'attend à toucher une belle somme quand il revendra sa boutique pour partir à la pension. 

"Moins d’un million d’euros, c’est 0,4%, donc c’est au maximum 5.000€, en sachant qu’un patrimoine d’un million d’euros augmente chaque année de 30.000 à 40.000 € donc ça veut dire qu’il lui restera encore 25.000 à 35.000 €."

"1% pour 1 million, 2% pour 2 millions..."

Au PTB, le calcul du futur impôt est bien plus simple : "1% pour les fortunes de plus d’un million d’euros, 2% pour les fortunes de plus de deux millions d’euros, 3% pour les fortunes de plus de trois millions d’euros."

C'est Raoul Hedebouw, député fédéral et tête de liste du PTB à la Chambre qui défend la mesure :  "On a étudié avec le PTB exactement quelle couche de la population serait touchée : c’est le seul impôt pour lequel je peux garantir ici aujourd’hui qu’il ne touchera pas 98% de la population belge. Il ne va toucher que les deux centiles les plus riches. »

Même son de cloches pour les écologistes. Après une sortie de Groen dans la presse flamande la semaine dernière, où était évoquée l'idée de taxer les livres rares et les collections de grands vins, la tête de liste des écologistes flamands à la Chmabre, Kriftof Calvo, tempère : ils ont fait les calculs, ce serait une mauvaise idée. En revanche, l'idée d'un impôt sur la fortune reste dans le programme vert : "Ça commence avec les grosses fortunes, supérieures à un million d’euros. Et chez nous ça commence avec un tarif de 0.15%." Et de préciser que "le soutien existe dans la société, côté francophone et côté néerlandophone. Et en fait, il y a déjà une majorité au parlement pour le faire."

 

Ils vont partir, monsieur Magnette.

La facture est là. De l'autre côté de l'échiquier politique, c'est la même certitude : l'impôt sur la fortune fera fuir la fortune hors de Belgique. Et donc sera contre productif. "Ça me gêne parce que les plus riches ne vont pas payer [...] Ils vont partir, monsieur Magnette." assène le ministre de la Justice démissionnaire, le CD&V Koen Geens. "Le patrimoine va bouger, évidemment. Les gens vont se délocaliser", ajoute Carlo Di Antonio, tête de liste cdH au parlement wallon. Pour les deux hommes, si l'impôt sur la fortune n'est pas européen, il ne marchera pas. Pas question, dans ces conditions, de le mettre au programme. 

Reste la N-VA, farouchement opposée à une taxe sur la fortune, quelle qu'elle soit.  "On a déjà une taxation sur la fortune : si vous héritez, vous payez des taxes. Si vous achetez une maison, vous payez des taxes. Si on regarde au niveau européen, en Belgique les taxes sur les fortunes sont très élevées, tente de justifier Cieltje Van Achter, vice-présidente du parti sécessionniste flamand et tête de liste au parlement bruxellois. Qui conclut avec le même argument que ses homologues : "Et les riches, d’un clic [un claquement de doigts], ils déplacent leur capital."

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