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Se dirige-t-on vers du travail d’intérêt général pour les chômeurs de longue durée en Wallonie? Les acteurs du secteur sont partagés

Comment réinsérer les demandeurs d’emploi de longue durée vers le chemin du travail ? La Flandre a décidé d’imposer du travail d’intérêt général à partir de 2023 pour les personnes sans emploi depuis au moins deux ans. Qu’en est-il chez nous ? La Wallonie va-t-elle suivre le mouvement ? Les avis sont partagés entre les acteurs du secteur.

Comment remettre un pied à l’étrier lorsque l’on est éloigné depuis trop longtemps du chemin du travail ? Comment se réinsérer progressivement au sein du marché de l’emploi ? La Flandre a imaginé une proposition répondant à ces questions.

Cette semaine, la région du nord de notre pays a en effet annoncé que, dès 2023, elle imposerait le travail d’intérêt général pour les chômeurs de longue durée, c’est-à-dire les personnes sans emploi depuis au moins 2 ans. "On a constaté que le taux de chômage en Flandre baisse très rapidement, mais le taux de chômage de longue durée ne baisse pas. C’est la raison pour laquelle on a donné la possibilité au VDAB de demander de faire un service communautaire après 2 ans de chômage afin de renforcer les compétences sociales et professionnelles", note Peter Van Rompuy, chef de groupe flamand pour le CD&V.

Les tâches à effectuer ? Donner un coup de moins dans un centre de vaccination, dans une garderie pour enfants ou encore au sein du service jardinage de leur commune, par exemple. Ce service sera intégré dans un trajet global vers un emploi normal et chaque profil sera examiné au cas par cas par le VDAB (l’Office flamand de l’Emploi) afin de voir si ce service peut être utile ou non à la personne. "Il faut une vraie plus-value pour le demandeur d’emploi et pour l’employeur", insiste Peter Van Rompuy. C’est pourquoi le demandeur d’emploi aura le choix entre plusieurs activités en fonction de ses compétences.

Concrètement, la durée maximum de ce service sera de 64 heures par mois, soit 2 jours par semaine, pendant 6 mois. Il rapportera 1,30 euros par heure, en supplément de l’allocation de chômage. Au total, le demandeur d’emploi pourra bénéficier d’un supplément de 83 euros par mois. "Ce n’est pas un boulot à temps plein mais c’est plutôt considéré comme un stage à court terme", précise le chef de groupe flamand CD&V.

En Wallonie, les avis sont partagés

Va-t-on suivre le mouvement en Wallonie ? Les avis sont partagés… Du côté du Forem, sa présidente n’est pas vraiment favorable à cette mesure. "Ce n’est pas à l’ordre du jour", répond-elle d’emblée, estimant qu’il faut prendre une autre option. Marie-Kristine Vanbockestal parle en effet d’une réforme des missions d’accompagnement du Forem. "Dans l’accompagnement des chômeurs, nous tentons de les activer. Dans la réforme systémique, nous mettons en place des équipes pluridisciplinaires avec des conseillers, des assistants sociaux car ces personnes sont aussi confrontées à des problèmes de vie. Mais nous privilégions l’emploi d’abord", assure-t-elle.

Les performances du Forem sont pourtant remises en question par certains. "Nous avons vu qu’il y avait une réforme, on attend les résultats. Je pense que des choses doivent être améliorées (…) Il faut plus ou mieux réformer, en tout cas il faut intégrer le monde de l’entreprise dans le processus, sinon ça ne fonctionnera pas. Il y en a en effet des difficultés à recruter donc des problèmes de formation", pointe du doigt Anne Laffut, députée wallonne MR qui se montre plutôt favorable à la proposition flamande. "80 à 100.000 personnes sont aujourd’hui chômeuses depuis plus de 2 ans, c’est long. Plus on a été éloigné depuis longtemps, plus c’est difficile de rejoindre le chemin de l’emploi. Il est donc impératif d’accompagner dans leur recherche d’un emploi", dit-elle avant de poursuivre : "Imposer des prérequis pour retrouver un emploi en espérant trouver l’emploi idéal, c’est illusoire. Mais je crois aux opportunités. Cette proposition, certes ne répond pas aux attentes ou aux souhaits, mais on saisit une opportunité. Ce n’est pas une finalité en soi mais une opportunité, un tremplin qui permet de rester actif et de se sentir utile. C’est important."

C’est aussi l’avis du président de l’Union des classes moyennes (UCM). "C’est plutôt une bonne idée", dit-il face à la proposition de Peter Van Rompuy. "C’est un premier jet pour le moment, il faut y réfléchir. Mais il y a un élément intéressant : pour toutes c es personnes en dehors du marché de l’emploi depuis plus de 2 ans, c’est difficile et donc c’est une possibilité – pas la seule – pour reprendre un rythme de travail. C’est important", souligne Pierre-Frédéric Nyst.

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