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Un échevin de Couvin demande moins de contrôles d’alcoolémie: "Le citoyen a le sentiment d'être pressé par la police"

Dans une lettre ouverte publiée ce lundi 29 janvier 2018, certains commerçants de Couvin, dans la province de Namur, se plaignent des contrôles anti-alcool trop importants à leur goût. Une lettre cosignée notamment par un des échevins de la commune, Eddy Fontaine. Il était présent sur le plateau de "C’est pas tous les jours dimanche" pour expliquer cette démarche.

La lettre en question dénonce que la plupart du temps, le village est "cerné" par ces contrôles d’alcoolémie. Les commerçants couvinois estiment que ces "opérations musclées" ont des retombées commerciales négatives, surtout dans les festivités. Eddy Fontaine, échevin de la jeunesse et du commerce de Couvin (PS) aimerait que la prévention soit favorisée par rapport à ces contrôles. C’est ce qu’il explique sur le plateau. "Ce que je dis, c’est que le sentiment du citoyen couvinois, c’est d’être pressé par la police à tout moment de la journée. Que ce soit le matin, le soir… Une personne est revenue vers moi en me disant qu’elle avait été contrôlée quatre fois sur la même journée. Des contrôles, il en faut, mais il faut aussi un juste milieu entre répression et prévention. La lettre est loin d’être irresponsable. On propose des choses à l’entrée des soirées parce que c’est là que le danger est."


"Une gifle"

Du côté de l’Institut de sécurité routière Vias, cette lettre ouverte passe plutôt mal. "C’est une véritable gifle pour toutes les associations qui se battent au quotidien pour plus de sécurité routière et se battent pour faire baisser le nombre d’accidents liés à l’alcool, affirme Benoît Godart, porte-parole de Vias. J’ai personnellement reçu un mail qui m’a fort touché, d’une association qui s’appelle Gégory et Mélanie, en souvenir de deux jeunes morts dans un accident, tués par un chauffard qui avait 2,36 grammes d’alcool dans le sang, pas très loin de Couvin. Ces gens sont dévastés par le message véhiculé par la lettre." Pour Benoît Godart, les policiers sont aussi touchés par cette lettre. Eux qui se retrouvent au quotidien et par tous les temps sur le terrain pour "essayer de faire en sorte de baisser la criminalité routière".


"Il faudrait davantage de contrôles à Couvin"

Le porte-parole de Vias donne également des chiffres sur le plateau. Chaque année, l’alcool au volant est responsable d’environ 5.000 accidents. Pour Couvin, la proportion est plus importante. "De toute la province de Namur, c’est dans la commune de Couvin que le pourcentage d’accidents liés à l’acool est le plus élevé. C’est deux fois plus que la moyenne. Il faudrait davantage de contrôles. Il faut plus de sensibilisation, mais il faut plus de contrôles. Enfin, il faut savoir que lors des contrôles d’alcool, les policiers ne vérifient pas que l’alcoolémie. Je suis personnellement allé l’an dernier sur un contrôle où les policiers, au bout d’une heure, sont tombés sur trois gars dans la voiture desquels il y avait des cagoules et des armes. Ces gars allaient commettre un hold-up. Il faut savoir que si on demande de faire baisser le nombre de contrôles d’alcool, on va aussi faire baisser le risque de tomber sur des gens qui vont commettre des cambriolages, des gens qui conduisent sans assurance…"


Zone rurale, une excuse ?

Face à ces réflexions, Eddy Fontaine ajoute que Couvin est une région rurale. "La personne qui veut aller au restaurant, sortir, ne peut faire autrement que de prendre sa voiture. Nous voulons conscientiser les jeunes au danger de l’alcool et c’est pour cela que nous proposons une collaboration avec la police." Pour le chroniqueur Michel Henrion, toute cette histoire n’est que "le symbole de la folie sociale qu’il y a en Belgique autour de l’alcool. Quand mes enfants prennent la voiture, je me dis que sur 100 voitures, ils croisent 3 automobilistes sous influence de l’alcool." Ce chiffre monte même à 10 lors des week-ends.  "Monsieur Fontaine n’a pas l’air de comprendre que l’alcool est une responsabilité collective. Ce n’est plus seulement une responsabilité individuelle. Un ami médecin pourrait emmener Monsieur Fontaine visiter les soins intensifs ou les services de traumatologie de pas mal d’hôpitaux…"

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