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"2001, L'Odyssée de l'espace", l'ovni qui fascine depuis 50 ans

Cinquante ans que cinéphiles et scientifiques se passionnent pour "2001, L'Odyssée de l'espace", un film énigmatique qui a révolutionné la science-fiction. Retour sur le chef d'oeuvre de Stanley Kubrick, présenté dimanche au Festival de Cannes dans une copie neuve 70 mm conforme à l'originale.

- Un ovni -

Un monolithe qui n'a pas livré tous ses secrets, un vaisseau spatial tournant en orbite au son du "Danube bleu".... Loin des soucoupes volantes et des martiens, Kubrick a réinventé la science-fiction en synchronisant image et musique comme personne auparavant, dans un film où les dialogues et l'action passent largement au second plan.

"Si vous comprenez +2001+, c'est que nous avons échoué", affirmait l'auteur Arthur C. Clarke, qui a co-écrit le film. Pari gagné: cinquante ans après, "2001", qui va ressortir dans les salles pour son anniversaire, est toujours aussi énigmatique .

"Nous ne savons toujours pas si nous sommes seuls ou s'il existe une vie extra-terrestre intelligente. En abordant ces questions, le film nous parle comme il le faisait à son public en 1968", explique Nils Daniel Peiler, un des commissaires de l'exposition consacrée à "2001" au musée du film de Francfort (jusqu'au 23 septembre).

Il s'agissait à sa sortie du film de science-fiction le plus cher de l'époque (10 millions de dollars). Le tournage et le montage nécessitèrent près de trois ans.

- Une source d'inspiration -

Sans "2001", probablement point de "Star Wars" ou de "Rencontres du 3e type". "Le film me fit un effet dingue, c'était la première fois qu'on prenait la science-fiction au sérieux", se souvient le réalisateur George Lucas dans le documentaire "Standing on the shoulders of Kubrick" (2007). En termes d'effets spéciaux, c'est "la crème de la crème", selon le créateur de la saga intergalactique.

A Cannes, c'est le Britannique Christopher Nolan ("Inception", "Interstellar", "Dunkerque") qui a été invité à venir ce dimanche parler de sa passion pour le chef d'oeuvre de Kubrick.

Le film a inspiré quantité de publicités et de clips, parodiant notamment HAL 9000, l'ordinateur intelligent qui cherche à prendre le pouvoir sur l'homme.

- Un "trip" -

Pour nombre de ses fans, "2001" est un voyage spatio-temporel dont on ne se remet pas. Voir le film sur grand écran est une expérience unique, estimait le respecté critique américain Roger Ebert. "Pour que le film fonctionne, il doit submerger le spectateur". La fameuse scène du vaisseau spatial évoluant en orbite est "un de ces rares moments où vous croyez vraiment que les films peuvent vous élever dans une autre dimension", disait-il.

Pour le réalisateur Gaspar Noé ("Enter the void", "Love"), autre pourvoyeur d'intenses expériences cinématographiques, "2001", découvert à l'âge de six ans, n'est rien de moins que le "meilleur trip sous LSD du cinéma".

Le film de Kubrick a, dès sa sortie, retenu l'attention des amateurs de drogues, qui venaient voir le film plusieurs fois pour ses séquences hypnotiques, en particulier le passage de la porte des étoiles par l'astronaute David Bowman.

- Une référence pour les scientifiques -

Visionnaire, le film a créé des images de la Terre et de la Lune qui n'existaient pas encore, puisqu'il est sorti en avril 1968, plusieurs mois avant la mission Apollo 8 et surtout la mission Apollo 11, qui a vu le premier homme marcher sur la Lune.

Pour créer un univers crédible du point de vue scientifique, Kubrick travailla d'ailleurs avec la Nasa mais aussi avec de nombreuses marques comme IBM, American Express et Nikon.

Et ses inventions sont plus que jamais d'actualité, souligne Nils Daniel Peiler. "Notre univers avec des conférences via Skype, le paiement sans contact, la station spatiale internationale sont préfigurés par Kubrick. Dans +2001+, le Dr Floyd paie ainsi ses appels vidéo avec une carte de crédit. Aujourd'hui, l'intelligence artificielle se développe rapidement et l'identification par empreinte vocale a fait son entrée dans nos salons".

Le monde scientifique s'est fendu d'un hommage en 1970 en baptisant le module de commande de la mission Apollo 13 "Odyssey".

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