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"A genoux les gars": "sexe, mensonges et vidéo" d'une jeunesse sans filtre

"Sous un ton volontiers léger, ce film traite de sujets graves susceptibles de choquer un jeune public". Accompagné de cet avertissement, le culotté "A genoux les gars", en salles mercredi, ne craint pas de parler crûment de sexualité et d'abus en laissant la parole à ses jeunes protagonistes, experts "ès tchatche".

Interdit aux moins de 12 ans, le film du Français Antoine Desrosières, présenté en mai à Cannes dans la section "Un Certain Regard", avait d'abord été interdit aux moins de 16 ans. Le réalisateur, qui avait fait appel de cette décision "incompréhensible" à ses yeux, a fini par avoir gain de cause.

Le film se déroule à Strasbourg et suit Rim et Yasmina, deux soeurs très complices, confrontées à un chantage sexuel (la "sextape" du titre en anglais).

Pendant que sa soeur est en voyage scolaire, Yasmina, sous pression de son petit copain, fait une fellation au petit ami de celle-ci dans un parking. La scène est filmée et risque d'atterrir sur les smartphones de leur entourage. Honte, colère et puis désir de vengeance (comme le laisse entendre le titre du film) se succèdent dans la tête des deux jeunes filles qui vont tenter de reprendre le contrôle de la situation et d'assumer leur sexualité.

Sur cette trame très actuelle, dans la foulée du mouvement de libération de la parole sur les abus sexuels et de la vague #MeToo, Antoine Desrosières signe un film culotté, porté par la verve de ses interprètes, Souad Arsane et Inas Chanti, qu'il avait déjà fait tourner dans "Haramiste" (2015).

C'est en quelque sorte "une comédie sur des abus sexuels", explique Desrosières.

- Liberté de ton -

Mais loin de risquer d'alimenter la "confusion" entre "ce qui est grave et ce qui n'est pas grave", il a "précisément pour objet de travailler sur toutes ces zones grises entre consentement et non consentement...", a-t-il souligné lors d'un entretien à l'AFP.

Pour donner naissance à cet ovni trash dans le propos mais relativement pudique dans la forme, il a travaillé très étroitement avec ses actrices d'ailleurs créditées comme coscénaristes.

"Lors de castings, j'ai remarqué qu'on nous demandait de parler comme des darons (des parents, ndlr)... Mais les jeunes ne parlent pas comme ça ! Entre amis, on parle encore pire que dans le film ", explique Souad Arsane, l'interprète de Yasmina, dans les notes d'intention du film.

"Mon casting était un casting d'acteurs mais aussi de coscénaristes, je les ai choisis pour leur imagination, leur humour, leur regard. (En répétitions) on note le meilleur de leurs trouvailles, ce qui nous a fait rire, qui était percutant", a de son côté affirmé le réalisateur.

"Pour moi, leur langue est aussi belle qu'en d'autres temps, celle de Pagnol ou de Guitry. C'est une langue vivante", indique celui dont le film évoque lointainement "L'esquive" de Kechiche.

Tourné en dix-huit jours seulement, le film a nécessité quatre mois de répétition. Aux côtés des deux interprètes féminines, on peut apercevoir l'actrice marocaine Loubna Abidar, devenue une paria dans son pays après avoir incarné une prostituée dans le film "Much Loved" du réalisateur Nabil Ayouch.

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