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La Comédie-Française remise ses classiques pour une rude plongée dans le réel: tandis que salle Richelieu, "Innocence" de l'Allemande Dea Loher dépeint un monde angoissé, au Studio Théâtre, "Dancefloor Memories", un autre texte contemporain, de Lucie Depauw, aborde la vieillesse.
Trois "vieux", donc: Marguerite et Pierre, mariés depuis 50 ans, et Gary, un "vieux beau" américain qui roule les r. Marguerite soigne Pierre, atteint d'un Alzheimer, et colle des post-it partout pour pallier ses trous de mémoire. Elle rencontre Gary au dancing où elle tente d'oublier le quotidien. Gary est émerveillé de tomber encore une fois amoureux et s’installe chez elle ... un "Jules et Jim" pour seniors en quelque sorte.
Le texte mélancolique de Lucie Depauw a été élu "coup de coeur" du bureau des lecteurs de la Comédie-Française. Ce groupe de dix personnes, mis en place en 1993, se réunit six fois par saison et lit environ 350 textes soumis par leurs auteurs ou traducteurs.
La mise en scène sobre de Hervé Van der Meulen, les danses de salon, valses et tangos, orchestrées par Jean-Marc Hoolbeck composent une partition délicate, joliment servie par Elsa Lepoivre, Christian Gonon et Hervé Pierre.
L'ami américain (Christian Gonon) apporte une touche d'humour bienvenue dans un texte plutôt sombre et qui ne laisse guère d'illusions sur "la vieillesse, ce naufrage", comme on sait depuis Chataubriand. Seule planche de salut: l'amour, qui peut frapper à tout âge, nous rassure Lucie Depauw. Marguerite aime Gary, et Pierre, dans le brouillard de sa maladie en pince pour Noémie, l'aide à domicile au "parfum de vanille".
"Dancefloor Memories", jusqu'au 10 mai au Studio-Théâtre. Texte publié aux éditions Koïné.
