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"Il est géant!": entre feu et fumée, le dragon de "La Machine" se réveille à Calais

"Il est géant!", "On dirait Godzilla!": curieuses, amusées ou hébétées, des milliers de personnes ont assisté vendredi au réveil du dragon de Calais, monstre d'acier mécanique conçu par la compagnie artistique "La Machine".

C'est dans la matinée que les Calaisiens ont découvert cette gigantesque créature de 72 tonnes et 10 mètres de hauteur, encore endormie sur le front de mer, face au ballet des ferries rejoignant l'Angleterre.

Lorsqu'il ouvre les paupières, le monstre "venu d'un autre monde" dévoile des yeux rouges entaillés d'une fine pupile jaune. "Ca y est, il se réveille!", lance une fillette juchée sur les épaules de son père, tandis que les grognements de la bête s'intensifient.

Lentement, le dragon aux écailles turquoises et dorées déploie ses larges ailes avant d'entamer sa déambulation pour trois jours de spectacle urbain, où 300.000 personnes sont attendues. Nichés sur son dos, des manipulateurs pilotent ses articulations mécaniques, faisant jaillir de la fumée et de l'eau de ses naseaux et de ses oreilles.

"Il paraît plus grand en vrai qu'en photo!", s'exclame Tom, 10 ans. "Ce qui est intéressant pour eux, c'est aussi la légende urbaine derrière et le fait qu'il va rester dans la ville. Ils sont pressés de monter dessus!", confie à l'AFP sa mère, Elodie Lemaire.

Smartphone en main, aux fenêtres et aux balcons ou sur les trottoirs bondés, les spectateurs tentent de capter la créature faite de cuir, de toile et de bois sculpté.

Soudain, le dragon crache une boule de feu dans un souffle sonore qui déchire l'air. "Waouh!", crie le public, transformant aussitôt sa surprise en applaudissements nourris.

Avançant à 4 km/h, le mastodonte se fraie un chemin dans la foule compacte, qui commente chacun de ses gestes. "Il a une drôle de langue", glisse un spectateur. "J'ai vu ses dents", "On dirait Godzilla!", entend-on encore.

"C'est extraordinaire", juge Bernard Baude, 70 ans, venu de Boulogne-sur-Mer. "Pour l'instant, je mets 19/20 car il ne lui manque plus qu'un nom", relève cet ancien professeur, le front caché sous un épais bonnet en laine.

- "Personnage vivant" -

Pour favoriser les échanges entre les habitants, le parcours du dragon a été tenu secret. Perchés sur des grues mobiles, des musiciens accompagnent la parade avec des violons, une batterie ou une guitare électrique.

"Nous avons apaisé son ardeur avec la musique et on s'attend à ce qu'il se réveille dans l'après-midi", confie, complice, François Delarozière, directeur artistique de la compagnie "La Machine", dont les créatures fantastiques ont déjà sillonné Nantes, Toulouse ou Pékin.

"Il y a vraiment beaucoup de monde pour une première scène, c'est une belle surprise. Les gens sont venus de toute la France, des Etats-Unis, du Canada", ajoute le concepteur scénographe. Quant aux Calaisiens, ils "se sont approprié le dragon. C'est une aventure qui commence bien."

Arrivé sur la place d'Armes, Benoît Saison, dessinateur amateur, croque la scène sur un carnet pour tenter de "retranscrire la mythologie dans le trait et l'instant fugace d'un mouvement, d'une expression, le passage entre les bâtiments".

"C'est un magnifique objet", résume-t-il, ému. "On ne voit plus du bois ou de l'acier, mais un personnage vivant. Ca, c'est réussi!"

"Le spectacle est très bien, mais ce qui est fondamental, c'est de changer l'image de Calais, qui a beaucoup été associée aux migrants ces dernières années", fait remarquer Jean-Marc Blouin, 66 ans, venu avec ses petits-enfants.

A l'issue de cette opération de 27 millions d'euros - un "gaspillage d'argent public" pour le RN -, le dragon a vocation à rester à Calais pour devenir une attraction touristique et devrait permettre la création de 70 emplois.

Car, selon le conte, les Calaisiens doivent réaliser, au teme de ces trois jours, que ce dragon aux apparences sauvages est en réalité "un gardien bienfaiteur" de la cité portuaire.

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