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"Jazz sous les pommiers", un festival qui joue la carte "made in France"

"Jazz sous les pommiers", dont la 37e édition commence samedi à Coutances (Manche), prouve qu'un festival peut réussir en jouant la carte "made in France", tandis que les places fortes comme Marciac et Vienne misent sur les stars internationales.

"On a envie de défendre la richesse de la scène hexagonale, il y a largement de quoi faire dans le jazz français", souligne Denis Lebas, directeur depuis 1986 du festival. "50 % de musiciens français, c'est un quota qu'on s'impose volontiers."

Parmi les représentants de cette scène tricolore qui défileront cette année dans cette petite ville de Normandie, Richard Galliano, Sylvain Luc, Stéphane Belmondo, Vincent Courtois, Eric Seva, font figure d'anciens.

La nouvelle génération sera incarnée par Raphaël Imbert, Emile Parisien, l'Ensemble Art Sonic ou le Grand Orchestre du Tricot.

Le festival affiche des esthétiques très diverses. "Moi j'aime dire que le jazz, ça n'est pas DU jazz, mais DES jazz, avec des choses très différentes", affirme Denis Lebas.

Autre preuve de l'attention que porte le festival au jazz d'ici, l'identité de l'artiste en résidence. Celui-ci, qui est nommé pour deux ou trois ans, est Français depuis 2011: après Thomas de Pourquery et Airelle Besson, c'est aujourd'hui Anne Paceo qui en bénéficie.

Derrière sa batterie, cette compositrice donnera deux concerts pendant le festival.

Mais tous ces talentueux Frenchies ne représentent que la moitié des artistes d'un festival qui doit satisfaire "à la fois des gens avancés dans le jazz, mais aussi des néophytes".

Chaque année, Denis Lebas jongle entre jeunes talents, valeurs sûres, têtes d'affiches, découvertes et coups de coeur, "afin de trouver des équilibres dans sa programmation".

"L'offre est foisonnante, il y a énormément de musiciens qui proposent des choses enthousiasmantes, donc si on en prend en France, un petit peu en Europe, un petit peu aux Etats-Unis et un petit peu ailleurs, il y a une matière extrêmement riche", explique-t-il.

- Dialogue d'oiseaux -

Le trio malien Da Kali avec le Kronos Quartet, le groupe danois The KutiMangoes, le trio de bluesmen Trueblues, compteront parmi les découvertes de cette année.

Côté créations, il y aura des expériences assez originales comme les Chanteurs d'oiseau. Ce duo d'amis d'enfance, qui parvient de manière bluffante à reproduire avec la bouche le chant des oiseaux de leur Baie de Somme natale, dialoguera avec de vrais volatiles au lycée Nature de Coutances. A voir également, les percussions d'eau Akutuk, une tradition du Golfe de Guinée, qui seront jouées dans la piscine municipale.

Quant aux têtes d'affiche, elles viendront d'Outre-Atlantique et d'Outre-Manche: Christian McBride, Stanley Clarke, Stacey Kent, Harold Lopez-Nussa, Rhoda Scott...

"Jazz sous les pommiers" proposera jusqu'au 12 mai 82 concerts avec des musiciens de 24 pays, sans compter les spectacles de rue. Tout cela dans une atmosphère de convivialité à laquelle tient beaucoup Denis Lebas.

Jazz à Coutances, c'est "un festival à taille humaine (la plus grande salle fait 1.400 places), une programmation extrêmement dense dans un périmètre extrêmement réduit qui permet de passer d'une salle à l'autre rapidement, avec une ambiance festive, et beaucoup de diversité dans la programmation", résume-t-il.

Le festival, qui culminait jusqu'alors à 35.000 spectateurs payants, a franchi un palier en 2015 en atteignant la barre des 40.000. Un chiffre maintenu depuis, qui en fait le troisième festival de jazz en France en terme de fréquentation derrière Vienne et Marciac.

Les budgets de ces deux derniers festivals sont respectivement de 4,7 millions et 3,7 millions d'euros tandis que celui de "Jazz sous les pommiers" s'élève à 2 millions.

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