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"Le Regard de Charles" : quand Aznavour filmait ses amours, ses emmerdes...

En 1948, Edith Piaf offre à Charles Aznavour une petite caméra. Dès lors, le chanteur filmera son quotidien, à la scène comme à la ville, comme on tient un journal intime.

En salles mercredi à l’occasion du premier anniversaire de sa disparition, "Le Regard de Charles", autobiographie filmée, compile des dizaines d’heures de pellicules jamais dévoilées sur la carrière côté coulisses et la vie personnelle de l’artiste.

"Mon père avait presque toujours une caméra au poing. Je me souviens surtout de ses caméras numériques, après celles en Super 8. Il adorait les gadgets et était toujours à la pointe de la technique. Pour ce film, on n’a utilisé que les années en pellicule", confie à l’AFP Mischa Aznavour, l’un des enfants du chanteur.

"Il nous a filmés en famille mais aussi ses amis, ses voyages également, et les grands moments de sa vie. Mon père filmait pour fixer les souvenirs. A la maison, on revoyait de temps en temps les images de nous petits", ajoute Mischa Aznavour.

Le chanteur stockait ses prises de vue dans une petite pièce secrète de sa maison de Mouriès, petit village des Alpilles, dans le Sud de la France, où il est décédé le 1er octobre 2018 d’un œdème pulmonaire.

"Il rangeait dans cette pièce sans fenêtre ses films mais aussi les choses importantes comme ses papiers", raconte Mischa Aznavour qui a travaillé avec Marc Di Domenico, le réalisateur de ce documentaire inédit et émouvant.

Charles Aznavour a commencé le montage du film avec le réalisateur ami de la famille : "au départ, il pensait qu’il n’y avait pas grand chose à en tirer. C’était un peu un pari de voir ce qu’il était possible d’en faire", dit Mischa.

- "Le temps passe, c’est la caméra qui le capte le mieux" -

Le film est commenté à la première personne par Charles Aznavour, à travers la voix de l’acteur Romain Duris lisant des extraits d’interviews du chanteur et de ses propres écrits : "le temps passe, c’est la caméra qui le capte le mieux (...) Vous m’avez vu mais ce que vous ne saviez pas, c’est que moi je vous regardais aussi...".

On découvre notamment des images inédites d’Edith Piaf que Charles, alors son secrétaire, rejoint dans les années 50 à New York, ou encore le Paris de l’époque filmé par le chanteur. En 1960, sur le tournage d’un "Un Taxi pour Tobrouck", il installe sa petite caméra personnelle sur le capot d’une jeep, offrant des images inédites de la célèbre séquence.

La mort tragique de son fils Patrick en 1976 est aussi évoquée dans ce journal intime filmé. Un drame familial vécu comme "le plein hiver en plein été".

Plans larges, plans serrés... : pour le réalisateur Marc Di Domenico, Charles Aznavour "avait clairement une volonté de ne pas filmer n’importe comment".

"Par exemple, il mettait en scène sa femme, il dirigeait ses mouvements, il refaisait certains plans... Charles a toujours eu la volonté de réaliser des films. A un moment de sa vie, il avait écrit le scénario d’un film qu’il voulait réaliser. Les producteurs de l’époque ne lui ont pas fait confiance", ajoute M. Di Domenico.

"Ce film est d’un genre inédit : le portrait d’un chanteur iconique à travers des images qu’il a lui-même tournées, je ne pense pas qu’on ait déjà vu ça".

"A la fin du montage, le visionnage a été très émouvant. C’est un passé révolu désormais... ", confie Mischa Aznavour, au côté des autres enfants du chanteur dans une fondation chargée "d’entretenir sa mémoire vivante et toujours moderne".

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