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"Libre", sur les traces du "Robin des Bois" des migrants Cédric Herrou

De gardes à vue en procès médiatiques, Cédric Herrou est devenu un symbole de l'aide aux migrants en France. "Libre", en salles mercredi, suit les traces de cet agriculteur bio qui a fait entrer dans le droit français le "principe de fraternité".

C'est accompagné de réfugiés maliens et soudanais que le trentenaire barbu aux lunettes rondes -- une fois n'est pas coutume vêtu d'un smoking -- avait monté les marches du Festival de Cannes en mai pour la projection hors compétition de ce documentaire réalisé par Michel Toesca.

Producteur d'olives bio de la vallée de la Roya, installé sur les pentes rocailleuses à la frontière franco-italienne, Cédric Herrou s'est fait connaître en accueillant sur son exploitation des réfugiés, parfois en les convoyant lui-même d'Italie, et en les aidant à déposer des demandes d'asile en France.

Il a été condamné en 2017 à quatre mois de prison avec sursis pour aide à l'immigration clandestine, mais continue à accueillir des migrants dans son exploitation désormais "entourée de gendarmes mobiles". Il a encore des rendez-vous judiciaires prévus ces prochains mois.

Devant le Conseil constitutionnel, il a toutefois obtenu cet été une victoire emblématique: l'instance a consacré pour la première fois le "principe de fraternité" comme l'un des grands principes du droit français en estimant que qu'une aide désintéressée au "séjour irrégulier" des étrangers ne saurait être passible de poursuites.

Cette décision, précise l'intéressé à l'AFP, ne va pas changer grand chose, car cela empêche les poursuites pour les actes sur le territoire français mais pas dans le cas d'un passage de frontière.

"Libre" suit Cédric Herrou au fil des mois, en 2016 et 2017. Il raconte la façon dont il s'est organisé pour accueillir des migrants de plus en plus nombreux. Les actions auxquelles il a participé pour aller chercher des réfugiés en Italie ou squatter un bâtiment désaffecté pour les abriter. Ses nombreux passages devant le juge, dont il fait à chaque fois une tribune.

"L'histoire est belle... celle d'un paysan bac moins 4, pas militant à la base, qui se retrouve concerné par une fermeture de frontière. On comprend, je pense, comment notre action permet de mettre en oeuvre des demandes d'asile entravées" par les autorités, dit Cédric Herrou à l'AFP.

Avec ce film, l'idée est d'essayer de toucher "un public un peu plus large, interpeller le grand public", selon l'agriculteur.

Cédric Herrou, en accueillant ces migrants chez lui, "se substitue à l'État", estimait Michel Toesca en présentant le film à Cannes.

Pour le cinéaste, lui-même installé dans la vallée de la Roya, ce documentaire "n'est pas un film militant". "Pour moi, c'est un film politique (...). Cédric n'a jamais été un militant, moi non plus, c'est simplement une réaction humaine".

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