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"Life in 12 bars": comment le blues a sauvé Eric Clapton

"La musique m'a enlevé la douleur": on connaît d'Eric Clapton son exceptionnel jeu de guitare, qui lui vaut d'être surnommé "God", mais moins son histoire personnelle longtemps vécue sous le sceau du malheur, admirablement racontée dans l'émouvant "Life in 12 bars".

Réalisé par Lili Fini Zanuck, également productrice, notamment de l'oscarisé "Miss Daisy et son chauffeur", ce documentaire, dans les salles mercredi, fourmille d'images d'archives personnelles très rares et de témoignages de son entourage, quand ce n'est pas l'intéressé lui-même qui commente, se livrant sans détour.

Le film s'ouvre avec Clapton s'exprimant la mine grave. On est en mai 2015. Son ami BB King vient de mourir et il tient à lui rendre hommage. "Il n'y a pas grand chose à rajouter car le blues appartient presque au passé maintenant", dit, fataliste, celui que cette musique a rendu génial et maintenu en vie.

Une existence heureuse dans ses primes années, entourés de parents aimants. Jusqu'à ce qu'il découvre, à 9 ans, qu'ils sont en réalité ses grands-parents et que sa grande soeur, de 16 ans son aînée, est sa véritable génitrice.

Le choc est violent. "Ma vie n'est qu'un mensonge", affirme Clapton qui se réfugie dans l'art en même temps qu'il se ferme aux autres. La littérature française, le cinéma japonais, la Beat Generation le stimulent. Mais c'est le blues qui le fait vibrer.

De ses débuts avec les Yardbirds aux énormes succès avec Cream, les années 60 sont météoriques. On voit à quel point son jeu de guitare impressionne Bob Dylan, on pénètre l'intimité de son amitié avec George Harrison, on suit son amour longtemps impossible avec l'épouse de ce dernier, Pattie Boyd, qui lui inspirera son plus grand tube, "Layla".

Les années 70 sont celles d'une longue descente aux enfers, avec pour lests l'héroïne, la cocaïne et surtout l'alcool. Les images de défonce ou d'ébriété avancée font peine à voir tant elles trahissent le profond désespoir qui le traversait alors.

Une tragédie le sauvera paradoxalement de la noyade alcoolisée: la mort accidentelle de son fils de 4 ans, en 1991.

"J'ai réalisé que je pouvais retirer de ce terrible drame quelque chose de positif", confie Clapton qui conjure ses maux en chanson ("Tears in Heaven"), et qu'on voit enfin connaître le bonheur familial dans des films domestiques récents avec ses trois dernières filles.

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