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"Mlle de Joncquières": la vengeance sous les traits de Cécile de France

Il a beau être spécialiste des marivaudages, Emmanuel Mouret a attendu "Mademoiselle de Joncquières", avec Edouard Baer et Cécile de France, pour réaliser son premier film d'époque et explorer les tourments du coeur sous l'angle de la vengeance.

"Réaliser un film en costumes, c'est comme faire un film de genre ou de science-fiction. Le spectateur se glisse encore plus facilement dans la réalité sentimentale des personnages", affirme Emmanuel Mouret dans un entretien à l'AFP.

Pour son neuvième long-métrage, le réalisateur de "Changement d'adresse" et "Un baiser, s'il vous plait" a adapté un récit de Diderot, déjà porté à l'écran par Robert Bresson ("Les dames du bois de Boulogne", 1945).

Contrairement à son aîné, il a situé le film au XVIIIe siècle. Avec une obsession: "que ça ne sente pas le vieillot".

"L’époque est à réinventer. Tout en étant dans le souci du détail, on n'est pas dans celui de la véracité. La liberté esthétique est plus grande", souligne le cinéaste, ravi de cette première incursion dans le film à costumes.

Il a misé sur des plans séquence, des dialogues ciselés, des décors dépouillés et une distribution enlevée avec un tandem qui fonctionne à merveille.

Dans "Mademoiselle de Joncquières", en salles mercredi, Cécile de France est Mme de La Pommeraye, une jeune veuve qui succombe au charme du marquis des Arcis (Edouard Baer), un libertin.

Quand, après plusieurs années, il lui avoue ne plus avoir de sentiments pour elle, elle se venge avec la complicité de Mlle de Joncquières, une jeune fille pauvre d'une grande beauté (Alice Isaaz). Le marquis ne va pas tarder à tomber amoureux et dans le piège.

- Des liaisons dangereuses -

Face à un Edouard Baer dans un rôle qui lui va comme un gant, Cecile de France épate en personnage blessé et machiavélique, loin de son image de jeune femme moderne et sympathique.

"Quand il a lu le scénario, Edouard Baer a dit +c’est moi+. Il a cette distinction, cette élocution qui sied au rôle de marquis", se souvient Emmanuel Mouret, qui n'avait en revanche pas pensé à l'actrice belge pour son personnage féminin. "Mais dès qu'on a fait une première lecture, elle m'a convaincu: elle a un sourire plein d’intelligence mais aussi de moquerie".

"Que la vengeance soit incarnée par Cécile de France rééquilibre beaucoup le film, ça nous bouleverse parce que c'est elle", renchérit Edouard Baer, ravi de son personnage.

Ce n'est "ni un Casanova jouisseur, ni un don Juan cérébral, c’est quelqu’un qui est prêt à être bouleversé", souligne-t-il. Et le dit d'ailleurs à l'écran: "je ne séduis pas, je suis séduit".

Manipulation amoureuse, opposition entre le vice et la vertu... Si l’histoire présente de nombreuses similitudes avec "Les liaisons dangereuses", écrit à la même époque, Diderot apparaît "beaucoup plus sentimental", aux yeux d'Emmanuel Mouret.

"Leur point commun est d’avoir un personnage féminin extrêmement fort. Mme de La Pommeraye est le personnage principal, le plus excessif et tient par moments des propos féministes", souligne le réalisateur qui va présenter son film au festival de Toronto, un des plus importants au monde (jusqu'au 15 septembre).

"Je suis impatient de voir comment les Américains vont réagir à ce récit qui fait écho à notre actualité, puisqu'on y parle beaucoup des femmes".

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