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"Sauvage" mais "bienfaiteur", un dragon d'acier débarque à Calais

Crachant feu, eau et fumée, un dragon gigantesque "venu d'un autre monde" va entrer vendredi dans Calais: haut de 10 mètres, long de 25, l'attendu monstre mécanique imaginé par François Delarozière sera au centre d'un "spectacle urbain" de trois jours, avant de devenir attraction touristique.

Une légende courait depuis plusieurs mois sur internet et dans les médias: alors que "sous la croûte terrestre, d'immenses galeries abritent des êtres mythiques et chimères", les importants travaux menés à Calais (Pas-de-Calais) pour étendre le port ont malencontreusement "ouvert une brèche entre les mondes", permettant au dragon de s'échapper, conte François Delarozière, directeur artistique de la compagnie "La Machine", qui a mis au point la créature articulée.

Après le Grand éléphant de Nantes, le Minotaure débarqué à Toulouse ou les bestiaires envoyés à Pékin, Bruxelles ou Liverpool, le concepteur scénographe a créé pour Calais une machine "plus grande encore", pesant 72 tonnes et faite d'acier, cuir, toile et bois sculpté.

Pensée pour "accompagner, de manière pérenne" les grands projets de mutation urbaine engagés à Calais, notamment la rénovation complète du front de mer, elle doit devenir à terme une attraction touristique et participer au développement économique de la métropole.

Capable de marcher jusqu'à 4 km/h, cracher du feu, se coucher, bouger la langue ou les oreilles et même battre des ailes, "ce dragon des mers va d'abord circuler dans le centre-ville pendant trois jours et trois nuits entières, s'endormant parfois deux heures pour se réveiller à nouveau, accompagné de musique et d'effets, les rues devenant son théâtre", dévoile à l'AFP M. Delarozière.

Au départ sauvage, un peu farouche, "il va être reçu comme un corps étranger, faire peur aux Calaisiens qui vont réagir, tenter de le repousser avant de se rendre compte qu'il est en fait bienfaiteur et plutôt le gardien des terres et mers du Nord", sourit-il.

Les parcours et lieux de réveil ne sont pas annoncés: "les spectateurs devront partir à la recherche de l'animal, le suivre, se parler entre eux. L'idée est de créer des échanges, une émotion commune", explique le scénographe, espérant "émerveiller" 300.000 spectateurs au total.

- En attendant varans et iguanes -

A l'issue du spectacle, "le dragon s'installera à Calais pour y vivre plusieurs dizaines d'années", entre le front de mer et une nef transparente dédiée. Devenue "machine de ville", il arpentera quotidiennement la ville dès la mi-décembre, transportant sur son dos une cinquantaine de Calaisiens ou touristes pour un voyage payant d'environ 30 minutes. Il circulera notamment dans les voies de bus à sens unique.

A partir de 2022, deux "varans de voyage", pouvant eux transporter 25 personnes chacun et se déplacer au milieu des voitures à "6 ou 7 km/h", puis une "famille d'une dizaine d'iguanes" s'installeront aussi en ville. Des visites techniques, un espace de restauration, une boutique ou encore des activités indoor complèteront l'installation.

Chaque animal mécanique évoluera dans un lieu emblématique comme le Fort Risban, le Fort Nieulay ou encore les bunkers hérités de la Seconde Guerre mondiale, des "bâtiments historiques extraordinaires mais qui dormaient un peu et méritaient d'être valorisés", se réjouit M. Delarozière.

La compagnie entend "réenchanter et dynamiser la ville" pour transformer le regard des habitants et capter l'attention des millions de touristes qui transitent chaque année par le port de Calais, venus notamment du Royaume-Uni.

Financé par la métropole, la région Hauts-de-France et l'Etat, ce projet à 27 millions d'euros est pour la maire LR Natacha Bouchart un "formidable moyen de donner une nouvelle attractivité à Calais", qui a pour ambition de devenir "station balnéaire du XXIe siècle" et "destination touristique de référence sur la Côte d'Opale".

Le dispositif doit aussi créer à terme "70 emplois directs", attirer investisseurs et commerces et occasionner d'importantes retombées économiques. "C'est un cercle vertueux", résume François Delarozière, impatient de voir son "dragon de terre et d'eau s'éveiller dans ce grand estuaire".

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