Accueil Actu

"Sérotonine" : les fans réclament leur dose

"Sérotonine - Prescrit par votre libraire". À la librairie "Le Divan", à Paris (XVe), le dernier roman de Michel Houellebecq trône au milieu des boîtes de médicaments et des livres sur la santé. Le magasin n'est pas encore ouvert que plusieurs clients attendent déjà devant les vitrines.

Même engouement à la petite librairie d'Odessa, près de la gare Montparnasse dans le VIe arrondissement de Paris. À peine la porte ouverte que la première acheteuse, baguette sous le bras, repart avec un exemplaire.

Dix romans ont déjà été réservés sur les trente en stocks prévus par la libraire Sophie Lombard. "J'ai dû en recommander vingt hier," explique-t-elle, pour pouvoir "passer le week-end".

Elle vend le deuxième à Jacques-Olivier Pô, 51 ans, un habitué qui lit "en flux tendu" et suit Michel Houellebecq depuis le début. "C'est un bon agrégateur de signaux faibles," raisonne ce consultant qui dit lire quotidiennement Le Parisien et regarder le journal de Jean-Pierre Pernault sur TF1, représentatifs pour lui de l'univers du romancier.

C'est son côté "paradoxal, urticant et déconnant" qui plaît à Jacques-Olivier Pô. "Je trouve qu'il est très français."

Les fans de Michel Houellebecq sont unanimes : c'est la dimension sociale qui les passionne et leur fait pousser la porte des librairies dès le premier jour des ventes.

"J'ai un peu honte," confie Michel Hautecouverture, 79 ans, croisé à la Fnac Montparnasse. La mise en scène des piles d'ouvrages qui accueillent les visiteurs à l'étage librairie, pour ce médecin, c'est "presque anti-Houellebecq".

Lui qui dit détester les "bobos" de Télérama partage pourtant l'engouement du magazine pour l'auteur. "J'ai une sympathie terrible pour ce genre d'individu," confie ce passionné de Tchekhov et de Céline. "Il voit les gens avec férocité, mais en même temps avec tendresse".

Houellebecq, auteur visionnaire ? "Le mot est fort," tempère Elodie Murzi, 38 ans, libraire à "Ici", la plus grande librairie indépendante de Paris. Plutôt "fin observateur" de la société, qui se range pour elle aux côtés de Virginie Despentes et de Nicolas Mathieu (dernier prix Goncourt) parmi les écrivains "qui parlent de leur société" à travers une "littérature à l'os". "Mais ça reste un roman," nuance-t-elle. Avant de repartir gérer l'affluence du déjeuner, heure de pointe pour son commerce.

À midi, plus de trente exemplaires étaient déjà partis.

À lire aussi

Sélectionné pour vous