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A Mulhouse, les soirées "inclusives" du "Club 1900" font le plein

La discothèque, c'est l'occasion de retrouver sa chérie!": à Mulhouse, les soirées "inclusives" du "Club 1900" connaissent un étonnant succès en donnant l'opportunité aux personnes handicapées de vivre une soirée de fête, entre autonomisation et "accès à la normalité".

Tous les deux mois, le jeudi après-midi, c'est le même rituel à Cap Cornely : dans ce foyer d'accueil médicalisé mulhousien où vivent environ 70 personnes, souffrant pour la plupart d'un handicap mental, c'est séance maquillage et soins beauté.

L'objectif pour la quinzaine d'habitués : être la plus belle - ou le plus beau - pour aller danser au "Club 1900". Cinq fois par an, cette discothèque du centre de Mulhouse accueille des dizaines de personnes en situation de handicap, venues de différentes structures alsaciennes pour guincher, de 20h à minuit.

Ce jeudi de juin, c'est la dernière soirée de la saison : filles et garçons veulent toutes et tous passer entre les mains de Solange Behra, conseillère beauté qui leur distille bénévolement depuis trois ans ses petits secrets "beauté, soins, bonheur".

"Beaucoup d'amour passe entre nous, des moments très intenses", confie-t-elle. "Et puis, vous avez vu leur sourire? Vous avez vu leur plaisir?"

- "Personnes empêchées" -

Laurie, 27 ans, cache à peine son impatience. La jeune femme, qui travaille dans un établissement et services d'aide par le travail (ESAT), ne manquerait pour rien au monde les soirées du "1900" : "on y rencontre du monde, on y danse, j'aime ça!"

"C'est une bonne occasion de se retrouver avec sa chérie pour vivre des moments forts!", renchérit Antoine, 34 ans, trisomique, en couple avec Audrey, atteinte du même syndrome.

L'idée d'ouvrir les portes d'une discothèque à des handicapés se pratique ailleurs mais les soirées mulhousiennes, lancées il y a six ans, connaissent un succès constant, drainant à chaque fois plus d'une centaine de personnes, se félicite Francis Schaller, l'un des initiateurs de ces soirées, administrateur à l'Adapei-Papillons Blancs, une association parentale qui gère une trentaine de structures d'accueil pour handicapés en Alsace, dont Cap Cornely.

L'idée? Inclusion et autodétermination des personnes handicapées, leur ouvrir des portes habituellement fermées. "Un accès à la normalité", résume Christian Schultz, responsable de Cap Cornely.

Et même si, dans les faits, les clients habituels du "1900" se mêlent rarement à ces soirées, peu importe : pendant quelques heures, le "Club" appartient aux "personnes empêchées", comme les appellent M. Schaller.

"C'est des moments de bonheur, ils sourient tout le temps", s'enthousiasme Virginia Laitenberger, l'animatrice qui encadre les sorties en discothèque à Cap Cornely.

"Ils aiment faire comme tout le monde (...) Si on (les) respecte et si on (les) écoute, ils savent s'autonomiser", explique M. Schultz, qui insiste sur le caractère payant des soirées (15 euros l'entrée avec deux boissons), obligeant les résidents à gérer leurs ressources s'ils veulent se l'offrir.

Pour cette ultime soirée, 120 personnes sont venues. Pierre Dupray, DJ du "1900", leur a concocté une playlist de tubes remixés, saupoudrés d'une pincée de standards de variété française (Gilbert Montagné, Michel Sardou...). Succès garanti.

- Flirt -

"J'aime ces soirées, humainement, c'est génial! Ils produisent tellement de vie!", confie Pierre.

"C'est touchant de (les) voir s'amuser", glisse Michel Kimmich. Il y a six ans, le patron du "1900" acceptait la proposition de Francis Schaller d'héberger ces soirées "White Butterflies" ("Papillons blancs", du nom de l'association). "Ce sont des personnes qui s'éclatent", sourit-il.

Confirmation sur le dancefloor : on danse, on chante, on saute. On flirte aussi. "C'est en boîte que j'ai connu mon chéri Antoine!", lâche dans un rire Audrey. Egalement trisomiques, Florent Wimmer, 30 ans, et Sabrina Winne, 31 ans, se sont "connus à la maternelle" mais c'est "au +Club 1900+ qu'(ils se sont) embrassés", confie le jeune homme.

"C'est super!", crie Antoine, main dans la main avec Audrey. Quelques minutes plus tard, le couple s'installe sur une banquette, "un peu fatigué..."

Pour Sabrina aussi, la soirée touche à sa fin. Les haut-parleurs diffusent l'inoxydable "Je t'aime à l'italienne", de Frédéric François. La jeune femme glisse à l'oreille de son Florent : "moi, je t'aime à l'amour". Avant de lui claquer une bise sur la joue.

Allez, bonne nuit les amoureux.

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