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À Strasbourg, l'industrie alsacienne revisitée par des artistes le temps d'un festival

Une rencontre incongrue pour des oeuvres monumentales: à compter de jeudi, Strasbourg expose dans ses rues le patrimoine industriel alsacien, retravaillé par des artistes plasticiens pour la première édition du festival L'Industrie Magnifique.

Sur la place de la cathédrale, un squelette de mammouth parfaitement conservé a été installé lundi dans un cube étanche et vole la vedette au plus célèbre monument de la ville. Propriété d'une entreprise alsacienne spécialiste de l'étanchéité, l'animal est perché à six mètres de hauteur, sur une plateforme entourée de puissants jets d'eau, donnant l'impression que le pachyderme est en lévitation.

L'oeuvre a été imaginée par l'architecte et artiste lyonnais Jacques Rival, habitué de la Fête des Lumières de Lyon. "Mammuthus Volantes" est l'un des temps forts du festival et symbolise à la fois "la magie de l'eau" et le "résistance de l'étanchéité", selon son créateur.

L'Industrie Magnifique, en gestation depuis deux ans, entend exposer "la rencontre de l'art, de l'industrie, et des gens sur la place publique", explique Jean Hansmaennel, président de l'association Industries et Territoires, à l'origine du projet.

"Chaque industriel a choisi d'accueillir un artiste qui s'est inspiré de l'entreprise, de ses matériaux et de ses pratiques industrielles pour produire une oeuvre originale", détaille-t-il.

Sur 14 places de Strasbourg, 24 œuvres, portées par 24 mécènes associés à 24 artistes, sont exposées à ciel ouvert jusqu'au 13 mai.

À une centaine de mètre du mammouth "volant", trois grands cylindres en brique sont érigés sur une autre place. "MurMur" de l'Alsacien David Hurstel, diffuse le bruit des machines et les échanges de salariés au sein de l'usine qui a fabriqué les blocs en terre cuite.

- Cuisiniste alsacien -

"L'art et l'industrie sont deux mondes qui ne se côtoient pas habituellement et qui ont appris à se découvrir pour ce festival", s'est réjoui Benjamin Kiffel, plasticien exposé sur l'une des places de la ville.

"L'artiste est maître d'oeuvre de la création: il propose quelque chose et le mécène met à disposition la matière première". En face de l'opéra du Rhin, "Rayonnements" est un empilement de 80 caddies, tandis que "La Planète Schmidt", sphère monumentale, se compose uniquement des produits du cuisiniste alsacien.

Des animations, des conférences et des expositions autour des thèmes de l'art, de l'industrie et de la ville rythmeront également les 10 jours de festival, parfois en présence des acteurs ayant conçu les oeuvres.

Le budget de l'événement est de 5 millions d'euros, dont la moitié est consacrée à la production des oeuvres et la rémunération des artistes.

"Cela permet aux artistes d'opérer et aux entreprises d'investir tout en prenant le relais du mécénat public qui se rarifie avec la diminution des subventions", avance M. Hansmaennel.

Car en finançant l'oeuvre dans le cadre du festival, les industriels mécènes pourront déduire de leurs impôts la totalité du prix de sa production sur 5 ans, sous certaines conditions.

Selon les organisateurs, ce type de festival est le premier à voir le jour en France, mais "d'autres villes comme Lyon et Nantes" ont déjà montré des "marques d'intérêts" pour le décliner avec leurs fleurons industriels locaux.

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