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Acerbe, foutraque, frontal: l'Ours d'Or roumain arrive en salles

"Bad Luck Banging and Loony Porn": charge contre l'hypocrisie sociale aussi foutraque que son titre est improbable ("Baise malencontreuse et porno loufoque"), le film lauréat du dernier Ours d'Or, du Roumain Radu Jude, arrive mercredi en salles.

Le film s'ouvre par une séquence de plusieurs minutes de porno amateur. La fuite de cette "sextape", réalisée avec son compagnon par Emi (Katia Pascariu), qui enseigne l'histoire dans un lycée roumain, est l'occasion pour Radu Jude de dresser un portrait au vitriol de la société contemporaine.

Le film enchaîne trois parties distinctes, une longue déambulation d'Emi dans les rues de sa ville, un patchwork d'images allant d'archives de la dictature communiste à des allégories romantiques, puis un simili-procès de l'enseignante devant des parents d'élèves.

"Les spectateurs sont invités à faire une comparaison entre l'obscénité de cette vidéo porno et l'obscénité publique de la société, de l'hypocrisie, des traces de l'histoire qui restent jusqu'à nous", a expliqué Radu Jude à l'AFP, lors du festival.

Le film ne se prive pas de tourner en dérision l'Eglise, l'armée, les nouveaux riches ou les anciens communistes et les parangons de vertu, tous représentés par leur archétypes lors du "procès" qu'intentent les parents d'élèves à la professeure.

"Il y a une comédie du désespoir, de la sexualité, de la condition humaine", "mais cela n'empêche pas bien sûr d'être furieux ou en colère contre certains aspects de notre société", a-t-il ajouté. Le film a la particularité d'avoir été tourné en pleine pandémie et tous les acteurs apparaissent masqués.

Ce cinéaste de 44 ans, l'un des plus en vue de la riche scène cinématographique d'Europe orientale, avait déjà remporté en 2015 l'Ours d'Argent du meilleur réalisateur à Berlin pour "Aferim !", sur le racisme en Roumanie.

"+Bad Luck Banging and Loony Porn+ est un film aussi bien élaboré que sauvage, intelligent et enfantin, géométrique et vibrant, imprécis et qui attaque le spectateur: il ne laisse personne indifférent", avait salué en remettant le prix le réalisateur israélien Nadav Lapid, membre du jury.

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