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Aider les artistes à créer: les Galeries Lafayette ouvrent un nouvel espace à Paris

Un espace de production et d'exposition pour les artistes en plein coeur de Paris: la fondation Lafayette Anticipations ouvre ses portes samedi dans un immeuble du Marais métamorphosé par l'architecte star Rem Koolhaas.

"Ce n'est pas un lieu où l'on montrera des collections mais un lieu de vie, un lieu d'échange, de création", explique le directeur délégué de la fondation d'entreprise Galeries Lafayette, François Quintin, dans une transparente allusion à deux autres lieux parisiens, la Fondation Vuitton et celle de François Pinault.

Créée en 2013 par Guillaume Houzé, Lafayette Anticipations est installée dans un bâtiment industriel du XIXe siècle dans un quartier qui est le pré carré du groupe, à deux pas d'un de ses fleurons, le BHV, mais aussi tout près du Centre Pompidou.

Un plan en U, sept niveaux donnant sur une cour centrale, le tout en plein périmètre protégé: la tâche n'était pas simple pour le Néerlandais Rem Koolhas dont c'est le premier projet à Paris.

Sollicité en 2012, le fondateur de l'agence OMA a choisi d'occuper le vide central par une "tour d'exposition" en métal de 19 mètres de haut dans laquelle quatre plate-formes peuvent se déplacer verticalement sur des crémaillères. Au total, 49 configurations différentes sont possibles. "Ce que nous accomplissons pour Lafayette Anticipations est, dans une certaine mesure, un théâtre pour l'art", dit l'architecte, qui a reçu en 2000 le prix Prizker (considéré comme le Nobel de l'architecture).

Mais la fondation a une autre particularité, beaucoup plus discrète: un atelier de fabrication au sous-sol équipé de machines numériques dernier cri où artistes et designers pourront fabriquer leurs créations. "Nous avons pensé avec Guillaume Houzé que le moment où nous pouvions être le plus utile à l'artiste, c'est celui où il conçoit, où il construit son oeuvre", explique François Quintin.

- Blockhaus engloutis -

L'immeuble étant traversant, le rez-de-chaussée sera en accès libre, permettant aux visiteurs d'aller d'une rue à l'autre, et de s'arrêter s'ils le souhaitent à la boutique et au café.

Lafayette Anticipations, qui organise des portes ouvertes samedi et dimanche, compte poposer trois ou quatre expositions annuelles. La programmation est assurée par un collectif composé de François Quintin et de trois curateurs, habitant à New York, à Londres et aux Pays-Bas.

Etrangement, l'artiste choisie pour l'ouverture, Lutz Bacher, ne travaille habituellement qu'avec des objets de récupération. Et pour sa première monographie en France à 75 ans, non seulement elle n'a pas utilisé l'atelier de production de la fondation, mais elle a laissé entièrement vides les quelque 800 m2 d'espaces d'exposition. Lutz Bacher a filmé avec son smartphone des blockhaus peu à peu engloutis par le sable dans le sud-ouest de la France et cette vidéo à la bande son assourdissante est projetée sur quatre parois.

Une oeuvre sans concession, qui semble cependant en décalage avec le projet initial de la fondation ? François Quintin affronte l'apparente contradiction: "Produire, ce n'est pas que fabriquer, c'est aussi soutenir, accompagner, financer parfois." "Ce goût pour la création contemporaine n'est pas quelque chose que l'enseigne s'est inventé en se disant +ça ferait bien pour notre image+, il a toujours été là, ça fait partie de l'ADN des Galeries", explique le directeur délégué de Lafayette Anticipations.

Et de rappeler que Théophile Bader, fondateur des Galeries en 1893 avec son cousin Alphonse Kahn, était lui-même proche des artistes de son temps. Il a ainsi fait appel à Louis Majorelle, figure de l'Ecole de Nancy, et au maître-verrier Jacques Gruber pour la célèbre coupole du magasin Boulevard Hausmann.

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