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Albin de la Simone se raconte en dessin aux Francofolies

"La vie en tournée c'est glamour ou pas du tout. Vu ce qu'imaginent les gens, j'ai voulu leur raconter la vérité": Albin de la Simone, connu pour ses chansons ciselées et mélancoliques, se dévoile dessinateur fin et drôle aux Francofolies de La Rochelle.

Sur la route, il y a les artistes qui travaillent, écrivent de nouvelles chansons, d'autres qui lisent, dévorent films et séries télé, ou bien dorment. Certains tuent le temps avec les jeux vidéos. Albin de la Simone, lui, s'est remis au dessin. Une activité qu'on ne lui connaissait pas.

"J'ai fait une école d'art plastique en Belgique et je me destinais à une carrière de dessinateur ou de graphiste. Mais quand j'ai commencé à faire de la musique sérieusement à 18 ans, j'ai totalement arrêté de dessiner. Puis l'envie m'est revenue peu à peu ces dernières années", raconte l'artiste de 47 ans à l'AFP.

"En tournée, je ne pouvais pas écrire, il n'y a pas d'introspection possible quand on est cinq tout le temps ensemble. Dessiner, c'était une manière de combler le vide tout en restant créatif", poursuit-il.

Auteur d'un cinquième album remarqué l'an passé, "L'un de nous", qu'il était venu défendre sur la scène de La Coursive aux Francos, l'Amiénois en a cette fois investi les couloirs pour présenter les dessins qu'il a créés sur une application graphique pour tablette entre décembre et avril.

Une toute première exposition, qui passera par Paris cet hiver, où l'on pourra découvrir le quotidien du chanteur.

Il y a l'intimité morne des chambres "d'hôtels couettards" et leurs "fenêtres sans poignées comme dans Tintin et les Picaros", les souffrances physiques (dos, épaule) qui conduisent à l'hôpital, ces repas toujours les mêmes, essentiellement du jambon, du pâté. "Tes nitrites et toi avez constitué 80% des repas de notre tournée", écrit-il au cochon dupliqué à l'infini dans un dessin.

- Passion du Japon -

Car Albin de la Simone a eu l'idée d'apposer parfois un commentaire à côté de son esquisse. Son humour et sa poésie font mouche, on rit, on s'émeut. Et on voyage. En un an de tournée il a parcouru environ 80.000 km en train, traversé une centaine de villes et joué dans autant de salles et théâtres "où parfois il n'y avait que quatre chaises dans les loges pour cinq musiciens".

En 2017, il est aussi retourné trois fois au Japon, pays dont il est tombé amoureux quinze ans plus tôt et où il a donné ses tous premiers concerts en tant que chanteur, en première partie de Mathieu Boggaerts. Plusieurs dessins représentent le pays du soleil levant.

"Le Japon m’a tellement bouleversé que j’ai très mal supporté le retour en France. Je me suis inscrit à des cours de japonais, j’ai travaillé comme un forcené pour atteindre le niveau de langage d’un enfant de deux ans. Puis j’ai finalement jeté l’éponge. Et graduellement au cours de ces trois séjours, mon niveau est remonté. Je suis redevenu l’enfant de deux ans que je rêvais d’être", dit-il.

En démythifiant la vie de tournée, Albin de la Simone avoue avoir "un peu peur qu'on ait affaire à un pleurnichard". "Mais il est plus difficile d'évoquer le bonheur en dessin", plaide celui qui retient surtout l'émotion des rencontres.

Un dessin amusant d'un fan gêné demandant un selfie rappelle qu'elles peuvent être aussi cocasses. Point de scène avec groupie en revanche.

"Il y a aussi ce que je vois depuis la scène par exemple", dit-il en montrant ce dessin où on ne distingue que des paires de jambes au premier rang, en raison de l'éclairage en plongée derrière lui.

Cette oeuvre, tirée à cent exemplaires, comme une cinquantaine d'autres, se vend déjà, à 150 euros l'unité signée.

"Je n'ai pas écrit de chanson depuis un an que je redessine. Si ça se trouve je ne vais plus chanter", blague-t-il.

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