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Anna Karina, l'égérie de Godard fait son come-back

Muse de Godard, icône des sixties, Anna Karina fait de nouveau parler d'elle à 77 ans avec la reprise de son premier film et la sortie d'un nouvel album, "Je suis aventurière", une épithète qui lui va bien.

Combien de fois s'est-elle mariée? "Oh là là, je préfère ne pas le dire", sourit-elle, lors d'un entretien avec l'AFP. Avant de s’esclaffer: "Moins que Liz Taylor!".

Ses yeux d'un bleu profond, son sourire mi-timide mi-espiègle ont conduit quatre hommes jusqu'au mariage: Jean-Luc Godard bien sûr, les cinéastes Pierre Fabre et Daniel Duval et, depuis 1982, le réalisateur américain Dennis Berry.

"Je suis mariée depuis près de 40 ans avec le même homme", note-t-elle un rien incrédule, attablée devant un verre de rosé dans une brasserie de Saint-Germain-des-Près.

C'est dans ce quartier parisien, où elle vit aujourd'hui, qu'elle fut repérée il y a 60 ans au café des Deux Magots alors qu'elle venait de quitter son Danemark natal à l'âge de 17 ans.

Un jour qu'elle posait pour une revue, "il y avait cette dame extraordinaire qui m'a demandé +Comment tu t'appelles mon petit?+. "'Hanne Karin Bayer'. "Ah non, me dit-elle sur un ton militaire, tu t’appelleras Anna Karina".

"Quand elle est partie j'ai demandé qui c'était. C'était Coco Chanel."

- 'Un petit côté macho' -

La reprise du premier film qu'elle a réalisé et financé, "Vivre ensemble (1973), et la sortie d'une compilation des chansons les plus connues qu'elle a interprétées, éveillent la nostalgie de celle qui fut l'égérie de la Nouvelle Vague.

"C'est extraordinaire, je ne m'y attendais plus", assure-t-elle, les yeux chargés de khôl, ajustant son chapeau. Son deuxième et dernier film, "Victoria", remonte à 10 ans et son dernier album, à 14 ans.

"Vivre ensemble" est l'histoire d'amour d'une jeune marginale avec un homme à la vie bien rangée. Alain finit par sombrer dans la drogue et l'alcool et elle, à l'inverse, rentre dans le rang.

"C'est un portrait de l'époque de ma jeunesse. J'ai vu des gens autour de moi sombrer et mourir", se souvient-elle.

Le film vient rappeler qu'Anna Karina a été la première comédienne à réaliser à l'époque un long-métrage. "Tout le monde disait +Comment ose-t-elle+. Il y avait un petit côté macho."

"Je me suis dit je vais utiliser un nom d'homme, car j'avais peur de la réaction."

Alors qu'elle avait joué dans plus de 30 films, le fait de passer de l'autre côté de la caméra l'a grisée. Elle savait toutefois qu'elle n'était pas "Godard qui peut tout faire en cinq minutes".

Pour celle qui n'a presque pas connu son père et qui a été délaissée par sa mère, la rencontre à 21 ans avec l'un des réalisateurs phares du cinéma mondial a été une chance mais ne lui a pas apporté la protection qu'elle recherchait.

"Nous nous sommes beaucoup aimés. Mais c'était compliqué de vivre avec lui", confie la comédienne.

- 'Faut dire stop' -

"C'était quelqu'un qui pouvait dire +Je vais chercher des cigarettes+ puis revenait trois semaines plus tard. C'était une époque où il n'y avait ni smartphone, ni répondeur".

Elle se souvient des lunettes noires de Godard qui lui "faisaient peur" au début, avant de trouver "magnifiques ses grands yeux en amande". Leur relation été marquée par un drame, la perte de l'enfant qu'elle portait.

La dernière fois où le couple mythique s'est retrouvé, c'était il y a plus de 20 ans. Depuis, aucun contact.

"Il est en Suisse et n'ouvre pas la porte", dit-elle. "Non, ça ne me rend pas triste. C'est sa vie après tout."

Interrogée sur l'affaire Weinstein, Anna Karina dit avoir toujours su dire non. Non à Godard pour un rôle dans "A bout de souffle" parce qu'il comprenait une scène dénudée. Non à cet attaché de presse du film "Une femme est une femme" qui l'a accueillie à la porte de son appartement, presque nu.

"J'étais tellement choquée que j'ai dévalé l'escalier et failli me casser la gueule."

"Quand la femme ne veut plus, faut dire stop. Et on a le droit de changer d'avis."

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