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Après l'humour, Véronique Gallo sort son nouveau roman: "C'était bien de d'abord réussir à en rire" (vidéo)

La maman débordée, c’est son sujet de prédilection. Mais cette fois, le support et le ton changent. C’est dans un livre très émouvant que Véronique Gallo nous dresse le portrait d’une maman à bout de souffle.

Véronique Gallo est connu pour ses sketchs humoristiques de maman débordée. Aujourd’hui, elle sort un livre intitulé "Pour quand tu seras grande". Elle était l’invitée du RTL Info 13h.

Alix Battard: Bonjour Véronique Gallo, vous publiez aux éditions Héloïse d’Ormesson "Pour quand tu seras grande". On pourrait croire que c’est un premier livre pour vous, mais c’est déjà le deuxième. Le premier remonte à 2012, il y a 8 ans. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire à nouveau?

Véronique Gallo: Je pense que je n’ai jamais vraiment cessé d’écrire. J’ai beaucoup de textes dans des tiroirs qui sont nés, mais ce n’était pas encore le bon moment pour eux d’être habillés et de partir à l’école. Je les ai gardés en me disant que viendrait le moment où ce serait juste. C’est vrai que celui-ci, qui, pour la petite histoire, a été écrit en 2014 avant que je ne crée "Vie de mère", me semblait à ce moment-là encore un peu complexe. On ne parlait pas de la charge mentale, on ne parlait pas du burn-out parental, on commençait à peine à parler du burn-out professionnel.

A.b.: C’est un thème que vous aviez déjà en vous?

V.G.: Ah oui tout à fait. C’était vraiment quelque chose dont j’avais envie de parler et je me suis dit à l’époque: "C’est peut-être bien d’abord de réussir a en rire". J’ai donc crée "Vie de mère" et je me suis laissée emporter tout en me disant: "Un jour ce texte pourra sortir parce que ce sera le bon moment."

A.B.: Effectivement, il est très actuel. C’est plus intimidant et stressant de publier un livre pour vous aujourd’hui que d’être sur scène ou pas?

V.G.: C’est différent. Vu que je me considère comme une raconteuse d’histoire, le média est différent, mais c’est la même intensité. C’est la même joie. C’est vrai qu’ici il y a un objet, c’est précieux. Moi, je suis romaniste donc ça compte pour moi.

A.B.: Effectivement, ce qu’il faut préciser c’est qu’à la base vous aviez fait des études de lettres, vous avez même enseigné le français pendant 12 ans. S’il n’y avait pas eu Youtube et vos enfants pour vous pousser à faire "Vie de mère", vous pensez que vous seriez toujours dans votre classe?

V.G.: Non, je ne pense pas parce que j’ai quitté progressivement l’enseignement pour écrire pour le théâtre, pour des seuls en scène, des one-woman show. Et tout ça était un long fil qui a mis du temps à se construire, le temps que je trace ma route, le temps que je creuse mon sillon. Je ne regrette absolument pas l’enseignement, même si c’est un bonheur d’être avec des adolescents, c’est un très beau métier.

A.B.: En tout cas, l’enseignement est toujours bien présent en vous, puisque c’est le métier que votre héroïne exerce dans ce livre. Elle s’appelle Marie, elle est professeure, elle est mariée à Antoine, elle a trois enfants et elle est épuisée. Mais là, contrairement à vos spectacles, on n’est pas sur le comique de l’épuisement. C’est vraiment un roman dramatique vous avez créé.

V.G.: C’est un roman qui travaille sur des thématiques qui font partie de la vraie vie aussi. C’est-à-dire que quand on est parent, y a un moment donné aussi où la fatigue est telle qu’on ne sait plus rire. Ce n’est même plus possible de prendre du recul, on se sent étouffé alors que c’est pourtant une vie qu’on a choisie, qu’on souhaitait. J’avais vraiment envie de travailler sur cette descente aux enfers. Ici, dans le cadre du roman, elle est confrontée au suicide de son père qui vient évidemment tout bouleverser. C’est toute la descente aux enfers d’une femme, et surtout comment on remonte vers la lumière. C’est ça qui m’intéressait comme parcours.

A.B.: Vous en aviez marre de tourner le sujet de la charge mentale des mères en dérision?

V.G.: C’est pas marre. Mais c’est pas vrai que ceux qui suivent mes capsules le savent: j’essaie de faire rire, mais il y a toujours des choses, vu que je travaille sur les émotions, qui sont peut-être plus dures ou plus sombres. J’avais très envie en tout cas de rendre tout mon travail sur la maternité complet avec ce texte-là qui, pour moi, est vraiment le versant émotionnel de "Vie de mère".

A.B.: Vous Véronique Gallo, vous étiez maman à 24 ans. Vous avez aussi trois enfants comme votre héroïne, Marie. Vos enfants ont entre 6 et 19 ans. Est-ce que vous avez aussi  connu ce sentiment d’être à bout de souffle?

V.G.: Oui bien sûr, tout ça part de moi. Mon père est décédé quand j’étais jeune maman et je me souviens qu’à l’époque j’étais déjà un peu fragilisée par la fatigue, le manque de sommeil, etc.

A.B.: Donc il y a beaucoup de vous dans cette histoire, parce que effectivement, le papa de Marie va se suicider, vous avez aussi perdu votre papa jeune. On aborde aussi l’histoire d’un secret de famille dans ce livre. C’est aussi quelque chose aussi que vous avez connu?

V.G.: Ce n’est pas quelque chose que j’ai connu en tant que tel. Mais je pense que si vous parlez à n’importe qui qui a perdu son père, sa mère, il y a une espèce de trame qu’on vit tous. On est bien obligé de la traverser. Oui, j’ai été cette maman épuisée un moment donné. J’ai eu beaucoup de chance, j’ai fait une thérapie qui m’a énormément aidée, qui m’a probablement empêché de faire un burn-out parental, j’aurais pu, comme beaucoup de mamans et beaucoup de papas, en faire un aussi. Parce que c’est un métier qu’on apprend sur le tas et c’est pas évident.

A.B.: C’est très joliment écrit en tout cas. Vous pensez que vous avez fait le tour de cette thématique de la maternité ? Vous allez passer à autre chose professionnellement parlant?

V.G.: Faire le tour, c’est impossible, c’est un sujet inépuisable. Je pense que j’en reparlerai encore et encore pendant des années. J’avais plutôt envie là maintenant de travailler plus sur la femme, sur comment on se construit, sur nos racines, les messages qu’on a reçu de nos mères, de nos grands-mères, de la société.

A.B.: C’est le début d’un nouveau spectacle?

V.G.: C’est le début du nouveau spectacle qui s’appelle "Femme de vie". La nouvelle série vient de sortir parce que j’arrête "Vie de mère" sur Youtube et Facebook. La nouvelle série vient de commencer, ça s’appelle "Femme de vie" tous les dimanches à 18h. On me suit en pleine reconnexion dans la nature, parce que le confinement a amené aussi des réflexions sur ce qu’on vit, sur l’essentiel, sur peut-être cette nature qu’on observe pas assez et qui pourtant nous donne beaucoup d’enseignements.

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