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Arles, l'ancienne cité ouvrière qui joue la carte de l'art et du tourisme culturel

Des éditions Actes Sud aux Rencontres de la photo, de la Fondation Luma aux deux nouveaux lieux qui doivent prochainement ouvrir, Arles, ancienne cité industrielle, joue avec succès la carte de l'art et du tourisme culturel.

Avec les Rencontres de la photo, la sous-préfecture des Bouches-du-Rhône, 53.000 habitants, devient chaque année pendant trois mois la capitale mondiale du 8e art. Pour leurs 50 ans, avec un nombre record d'expositions, elles devraient aussi battre aussi leur record de fréquentation -- 140.000 visiteurs en 2018.

Aujourd'hui, les retombées économiques sont indéniables: les Rencontres génèrent 22 millions d'euros à partir de 100.000 visiteurs, selon la municipalité. "Il y a un pic au moment des Rencontres, mais avec l'Ecole de la photo, l'impact est évident toute l'année", rappelle cependant le maire d'Arles Hervé Schiavetti. Inaugurée en 1982 par François Mitterrand dans un ancien couvent, l'institution, unique en son genre en France, a depuis déménagé pour s'offrir un large bâtiment de béton construit par l'architecte Marc Barani.

Dans les années 1980 aussi, les éditions Actes Sud, créées en 1978, s'installent au lieu-dit Le Méjan, à Arles: "Jean-Paul Capitani nous accueille en 1982 dans ce lieu qu'il est en train d'aménager en bord du Rhône --c'était une vraie zone, ce quartier... (...) Il aménage un lieu avec un cinéma, des restaurants, des lieux d'exposition", se rappelle l'ex-ministre de la Culture Françoise Nyssen, patronne des éditions fondées par son père Hubert et aujourd'hui l'épouse de M. Capitani.

Plus loin, comme un symbole du basculement d'une ère industrielle à une ère culturelle, la spectaculaire tour de l'architecte américain Frank Gehry surplombe aujourd'hui les anciens ateliers de la SNCF. Rachetés par la milliardaire et mécène Maja Hoffmann, co-héritière des laboratoires pharmaceutiques suisses Roche, elle y a installé sa Fondation Luma. Avant elle, son père Luc, par ailleurs un des cofondateurs du WWF, avait déjà créé la Fondation Van Gogh et, en plein coeur de la Camargue, à quelques kilomètres d'Arles, le domaine de la Tour du Valat, une structure dédiée à la conservation de la nature et de la faune de la zone.

- Façade d'inox -

"Quand Maja Hoffmann fait construire cette tour par Frank Gehry, il y a longtemps que c'est un lieu abandonné. Depuis longtemps, le tissu industriel s'est délité malheureusement, et l'emploi est de plus en plus est fourni par l'industrie culturelle et la culture dans la ville", souligne Mme Nyssen.

Haute de 56 mètres, la tour à la façade d'inox, est achevée à l'extérieur. "Maja est comme une artiste, nous avions ce rêve d'une cité des arts, j'ai voulu faire quelque chose de spécial pour elle", avait expliqué à l'AFP le célèbre architecte lors d'une visite de chantier. La fin des travaux est prévue pour 2020.

Pour sa Fondation, dont elle ambitionne de faire un "carrefour où l'art peut influer sur les problèmes de la planète, les droits de l'homme et l'environnement", Maja Hoffmann a investi quelque 110 millions d'euros. Elle est par ailleurs propriétaire de trois hôtels de la ville, et d'un restaurant étoilé en Camargue.

D'emblée, Hervé Schiavetti, le maire communiste de la ville, écarte l'accusation portée par ses adversaires d'avoir vendu la ville au privé. "S'il n'y avait pas eu l'offre de cette famille mécène, il n'y aurait pas de développement", répond-il en défendant ce partenariat public-privé. "Le développement ne peut être porté par la seule politique publique", ajoute-t-il.

Pour le directeur des Rencontres de la photo Sam Stourdzé, Arles, qui fait partie du programme "Action cœur de ville" lancé par le gouvernement pour redynamiser le centre des villes moyennes, est "la ville en train d'attirer les institutions culturelles" à côté du "géant Luma". Près des arènes, un hôtel particulier doit bientôt abriter la fondation de l'artiste coréen Lee Ufan et une autre demeure, rénovée par le parfumeur Fragonard, abritera des collections de costumes provençaux.

"C'est une ville qui démontre parfaitement l'idée que la culture peut être l'économie d'un lieu. La culture n'a pas besoin d'être systématiquement subventionnée, elle peut avoir une autonomie et une économie qui font vivre un territoire", assure Françoise Nyssen.

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