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Au coeur du génie de Picasso, de l'oeuvre au chef-d'oeuvre

Parmi les fondateurs de l'art moderne, Pablo Picasso a dynamité la notion de chef-d'oeuvre : le Musée Picasso, à Paris, propose une plongée au cœur du génie du maître disparu il y a 45 ans, tandis que le Musée d'Orsay s'apprête à revisiter ses périodes bleue et rose.

Parmi les nombreuses expositions Picasso actuellement visibles, c'est le céramiste qui est aussi célébré à Vallauris.

"Avec Picasso, se dégage une nouvelle idée du génie, non plus celui qui est extraordinairement doué dans ses gestes, mais celui qui sait jeter quelques coups de pinceau suffisants pour faire une oeuvre", souligne Emilie Bouvard, conservatrice du Musée national Picasso-Paris.

Jusqu'au 13 janvier, une rétrospective inédite réunissant des œuvres emblématiques jamais exposées à Paris comme "Les Arlequins" (1923), "La Danse" (1925) et "Les Femmes à leur toilette" (1937), se penche sur la naissance du chef-d'oeuvre dans le prolifique parcours de Picasso.

"Picasso a passé sa vie à défaire la notion de chef-d'oeuvre académique. Dans son travail créatif, il a eu le souci de sortir de la hiérarchie habituelle de la peinture et de la sculpture en travaillant sur tous les supports", indique à l'AFP Emilie Bouvard.

"Dès +Les Demoiselles d'Avignon+ en 1907, on sort de la représentation classique. L'oeuvre ne s'appuie plus sur la réalité et vaut simplement pour elle-même", ajoute la co-commissaire de "Picasso Chefs-d'oeuvre !".

Dans l'esprit d'un abécédaire chronologique et très accessible, l'exposition propose un parcours complet dans l'oeuvre du maître, avec comme points de repère une centaine de dessins, tableaux et sculptures.

La plupart ont été puisés dans le fonds du Musée Picasso-Paris ou prêtée par les plus grands musées internationaux dont le Centre Pompidou, la Tate Gallery de Londres, les musées de Barcelone, Bâle et Malaga, et aussi la Fondation Peggy Guggenheim.

- les "Demoiselles" oubliées -

Au fil de la visite, le visiteur découvre comment des oeuvres maîtresses, à travers leur histoire et la perception évolutive de le critique, se sont forgées leur statut de chefs-d'œuvre.

Peintes en 1907, "Les Demoiselles d'Avignon" sont restées ainsi longtemps remisées dans l'atelier de Picasso qui n'y prêtait pas une très grande attention, avant une première exposition décidée dix ans plus tard sous l'impulsion d'André Breton décrétant que c'était là un chef-d'oeuvre. Le MoMA de New-York décidera de l'acquérir en 1939.

"Bien plus que certaines oeuvres isolées, Picasso avait la conscience de faire une oeuvre qui ferait chef-d'oeuvre dans son ensemble. Il savait toutefois que +Guernica+ allait marquer l'art moderne et la politique", ajoute Emilie Bouvard.

Lors d'un entretien télévisé en 1966, on demanda à Picasso de choisir la toile qui devrait lui survivre : "Je ne sais pas. C'est tellement fait avec des intentions du moment, de l'état dans lequel tout le monde et moi nous nous trouvons...", a-t-il répondu.

Dans le cadre du 45e anniversaire de la disparition de Picasso, le Musée d'Orsay, à Paris, présentera du 18 septembre au 6 janvier une grande exposition consacrée aux périodes bleue et rose, autour d'une lecture renouvelée des années 1900-1906, période essentielle de la carrière de l'artiste jamais traitée encore par un musée français.

En plus de ces deux espositions, jusqu'à la fin 2019, l'événement "Picasso Méditerranée", évoquant les lieux qui l'ont inspiré, réunit une soixantaine de musées et d'institutions d'une dizaine de pays dont la France, l'Espagne, la Grèce, l'Italie, le Maroc et la Turquie.

Village d'adoption du maître de 1947 à 1955, Vallauris a pour sa part choisi de présenter jusqu'au 22 octobre une rétrospective inédite du travail de céramiste de Picasso, autre facette moins connue de son oeuvre.

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