Accueil Actu

Au festival de La Roque-d'Anthéron, les masters class de Rena Shereshevskaya affichent complets

"S'il travaille, je vous préviens, votre fils va toucher les sommets": ce conseil vaut de l'or. Il est prodigué par la professeure russe Rena Shereshevskaya, qui forme les prodiges du piano classique, aux parents de son élève Jehiel, à l'issue d'une master class du festival de La Roque-d'Anthéron.

Les trois masters class, où se mêlent amateurs et artistes en résidence, affichent complets pour écouter les précieux conseils de Rena dont l'un des élèves, Alexandre Kantorow, 22 ans, vient, fin juin, d'être le premier Français à remporter le prestigieux concours Tchaïkovski à Moscou.

Un aboutissement après quatre ans de préparation. "Je l'ai aidé car il m'avait dit qu'il voulait inscrire son nom dans l'Histoire", se souvient la pianiste.

En 2018, Alexandre Kantorow avait donné à La Roque un récital à 18h00, l'heure où se produisent les espoirs du piano classique. Cette année, il a été programmé à 21h00 dans le magnifique parc du château de Florans, comme les virtuoses confirmés. Tout comme Lucas Debargue, lui aussi élève de Rena, 4e au concours Tchaikovski en 2014.

Dimitry Sin, un autre élève de la célèbre pianiste à l'école normale de musique de Paris est invité à se produire, pour la première fois, après une master class en 2018, sur la grande scène, à 18h00.

Jehiel Quimfumu veut inscrire ses pas dans ceux de ses aînés. Né en 1998 dans une famille originaire du Congo, Jehiel a grandi à Marseille auprès d'un père pasteur et directeur de chorale et y a suivi des cours au conservatoire avant d'enchaîner sur ceux de Rena au conservatoire de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), il y a trois ans.

Il apprécie sa master class où il joue pour la première fois. "C'est un cours et en même temps un concert, c'est une autre approche du public", explique-t-il.

- Mère Teresa ou garagiste -

"C'est un super bon professeur", dit-il de celle qui a formé, à Colmar puis à Rueil, de très nombreux jeunes espoirs de la musique classique, propulsant certains jusqu'aux sommets.

Pour Jehiel, Rena est plus qu'un professeur de piano. "Elle nous apprend plus que la musique, elle nous apprend la philosophie de la vie", estime-t-il.

De fait, devant le public attentif et qu'elle prend à témoin, elle s'éloigne de la technicité d'une partition pour l'inscrire dans une oeuvre, une époque, une vie.

"Le public est là pour comprendre notre métier, sinon ça ne sert à rien", argumente-t-elle.

"C'est important de savoir l'histoire autour" du morceau, dit-elle à son élève qui entame le Scherzo no 1 de Chopin. "Il souffre quand il l'écrit, il est malade, il tempête, sur le piano, tu dois tempêter... mettre un peu de saletés acoustiques".

Elle interrompt parfois le jeune pianiste : "Bon, on ne va pas martyriser le public, ça, tu le répèteras à la maison..."

Un humour qui pour son élève dissimule "une exigence dans le travail". Mais si "elle paraît dure, elle ne l'est pas", tempère-t-il.

La renommée internationale de Rena n'a pas entamé sa simplicité ni sa modestie. "J'ai réussi à me prouver à moi-même et à tout le monde que les jeunes Français sont très doués pour la musique", constate-t-elle.

Où qu'elle soit dans le monde, Rena reste partout à l'écoute de ses élèves pour les conseiller et les dépanner. "On m'appelle mère Teresa ou garagiste car je sais réparer les choses même au téléphone", s'amuse-t-elle.

Le créateur du Festival de La Roque-d'Anthéron, René Martin, qui lui envoie ses jeunes recrues, ne tarit pas d'éloges : "Je vénère ce professeur".

De son côté, Rena apprécie le festival de La Roque qui permet aux jeunes pianistes "d'écouter et de jouer avec les plus grands pianistes du moment" et leur donne "l'espoir d'atteindre à leur tour le sommet".

À lire aussi

Sélectionné pour vous