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Au fil des Voix: quand les musiques se croisent et les frontières s'effacent

Jazz et rythmes stambeli de Tunisie, chant perse et flamenco, chanson kabyle et rock: au festival Au Fil des Voix, dont la dixième édition s'ouvre lundi à Paris par une soirée autour de l'Afrique centrale animée par Manu Dibango et Ray Lema, les musiques du monde sont hybrides et transculturelles.

"Le cloisonnement entre musiques du monde, jazz, rock... n'est plus en cohérence aujourd'hui avec la créativité des artistes", affirme Saïd Assadi, directeur artistique du festival et créateur il y a vingt ans de Accords Croisés, une maison de production de concerts qui s'est dotée en 2003 d'un label.

"Il y a aujourd'hui de plus en plus d'artistes de différents horizons, de différentes cultures, qui se réunissent pour créer des projets originaux", constate cet Iranien naturalisé Français, âgé de 61 ans, ayant quitté son pays fin 1979, après la Révolution iranienne.

"Abu Sadiya", un voyage poétique musical initié par Yacine Boularès, est l'illustration parfaite de cette création transculturelle.

Saxophoniste tunisien installé à New York, Yacine Boularès a convaincu le batteur afro-américain Nasheet Waits et le violoncelliste parisien Vincent Segal de le suivre dans son aventure: présenter les modes et les rythmes du stambeli, un rite de confréries des Noirs tunisiens descendants d'esclaves, cousin du gnawa marocain mais plus intimiste et confidentiel, sous l'éclairage du jazz et de l'improvisation.

- 'Des chemins de traverse' -

"Ca a une couleur spécifique, on n'est pas sur l'autoroute de la musique, mais plutôt sur des chemins de traverse, des petits chemins caillouteux", se réjouit Vincent Segal, musicien curieux et ouvert à l'autre.

Kharoub, où le quintet breton Hamon Martin et le chanteur Basel Yazed tissent des liens, avec le oud (luth arabe) qui dialogue avec la bombarde, est un autre de ces hybrides.

Aïda & Babak osent, eux, un croisement qui ne coule pas de source au départ mais qui fonctionne admirablement bien, celui du chant perse de l'Iranienne Aïda Nosrat et de la guitare flamenca de Babak Amir Mobasher.

"Des artistes enracinés dans leur culture, mais tout à fait ouverts pour rencontrer d'autres artistes et créer des oeuvres transculturelles, c'est ça, la musique de demain", prétend Saïd Assadi.

Nishtiman Project symbolise aussi ce désir de rencontres: des musiciens kurdes d'Iran, d'Irak et de Turquie mettent en commun leurs spécificités dans "Kobane", leur nouvel album, où ils écrivent la musique traditionnelle kurde d'aujourd'hui.

Le festival Au Fil des Voix fonctionne comme une coopérative, avec une petite participation de chaque label à son financement et le même cachet pour chaque musicien, quel que soit son niveau de notoriété.

Une centaine d'entre eux, venus d'Europe, d'Afrique, d'Amérique Centrale du Moyen-Orient et représentant quinze labels, sont à l'affiche cette année pour une douzaine de soirées, jusqu'au 1er février.

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