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Au Hellfest, "un monde à part" pour un public hétéroclite

Liberté, fraternité et guitares saturées: au Hellfest, incontournable festival de musiques extrêmes qui se tient au milieu du vignoble nantais jusqu'à dimanche, métalleux aguerris comme bizuths ébahis louent une "ouverture d'esprit" qui rassemble toutes les générations dans "un monde à part".

"J'adore toute cette ouverture d'esprit, y a pas de bagarre, y a que de l'amour dans tout ça, que du bonheur !", se réjouit Goulven Le Bouard, 27 ans, neuf éditions du Hellfest au compteur.

Longs cheveux noirs et bagues tête de mort, ce Breton brandit sa pancarte "Free hug" (câlin gratuit) au milieu de la vaste pelouse du parc de Clisson, au royaume du muscadet, transformé en temple du métal pour cette 14e édition.

Des milliers de spectateurs ont convergé ce matin, munis de leurs indispensables tentes, bière et bouchons d'oreille, pour profiter d'une large programmation dont les mythiques Kiss, ZZ Top ou Slayer.

L'annulation surprise du groupe Manowar, annoncée par les organisateurs cet après-midi sans plus de détails, faisait toutefois des déçus parmi les fans.

Face à l'arbre du Hellfest, l'une des nombreuses structures qui habillent le festival, Françoise Mahias, 55 ans, prend en photo son mari, les mains en signe de cornes comme il se doit. "Nous, ça va faire sept ans qu'on vient. On vient surtout pour l'ambiance, un peu pour la programmation", sourit Patrice.

Le couple ne veut pas manquer les concerts de Dropkick Murphy's et Ultra Vomit, et ainsi enrichir sa collection de souvenirs. "Une année on était venus voir Scorpion, ils avaient fait un show d'enfer !", se rappelle Françoise.

À 59 ans, les Clissonnais "JP et Véro" sont eux aussi conquis par l'ambiance du Hellfest et une organisation qui "écoute les festivaliers" pour continuer d'améliorer le site. "C'est propre, il y a un cachet", analyse "JP", légères bacchantes grises, face à la zone dédiée à la restauration.

Mais pas question d'aller "dans le tourbillon" des concerts, ajoute le couple, qui préfère les regarder sur écrans géants. "Faut pas que ce soit trop violent, trop hard rock", glissent ces quinquagénaires qui accueillent, sur leur terrain, une vingtaine de tentes d'habitués.

- "Premier festival" -

À chacun son rythme -en pogo devant la scène ou allongé torse nu dans l'herbe- et à chacun son style: comme chaque année, le Hellfest voit défiler les crêtes iroquoises, cheveux colorés, peaux tatouées et accoutrements plus ou moins extravagants.

"Tout est permis, toutes les excentricités, mais dans le respect des autres et personne ne te juge", salue Carole, 40 ans, venue avec une amie.

Pour certains, le Hellfest se partage même en famille, comme Laurent et Catherine, fonctionnaires, et leur fille Héloïse, 19 ans. "Le métalleux au départ, c'est moi ! Ma femme c'est plutôt Sardou...", lance Laurent, qui a fait découvrir Kiss à sa fille quand elle était jeune.

"Je les appelais les messieurs déguisés ! Maintenant je lui fais découvrir des artistes à mon tour", explique l'étudiante, veste et short militaires, qui apprécie l'ambiance "bon enfant".

Catherine, look sobre, s'amuse de certains clichés persistants: "Je travaille au ministère des Finances, et quand je dis à mes collègues que je viens ici, ça les choque".

Attirés par l'expérience à vivre au Hellfest, certains, loin d'être fétichistes des musiques extrêmes, ont décidé de franchir le pas.

"C'est mon premier festival... Je suis agoraphobe", glisse Florian, trentenaire affublé d'un t-shirt du Parti communiste. Ce père de famille s'est laissé gagner par l'enthousiasme de ses amis comme Nicolas, fidèle au rendez-vous depuis trois ans.

"Le meilleur, c'est le premier, c'est la découverte d'un monde à part, ce sentiment de liberté pendant trois jours", assure ce trentenaire en kilt.

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