Accueil Actu

Au Louvre-Lens, la musique de l'Antiquité ressuscitée

Une harpe égyptienne du Xe siècle avant notre ère, une mosaïque d'Orphée découverte en Gaule ou le plus ancien hymne sacré: le Louvre-Lens (Pas-de-Calais) expose, à partir de mercredi, 400 œuvres pour faire renaître la musique de l'Antiquité, de Rome jusqu'en Mésopotamie.

"C'est une exposition qui se voit, et qui s'entend, qui s'écoute", explique la directrice du musée Marie Lavandier lors d'une présentation à la presse. "C'est une musique disparue, une musique fantôme, dont il s'agit de restituer quelques échos".

L'exposition, imaginée par huit commissaires depuis 2012, interroge le rôle politique, cultuel et culturel de la musique en Orient, en Egypte, en Grèce et à Rome, de 2.900 avant notre ère jusqu'en 395 après J-C.

Dans une scénographie contemporaine composée d'une quinzaine d'espaces différents, on découvre les similitudes entre les quatre civilisations autour du statut des musiciens dans les cercles de pouvoir, l'importance des sons - et des silences - pour s'assurer la bienveillance des dieux ou encore pour célébrer les cérémonies funéraires.

Une multitude de mosaïques, instruments de toutes sortes, sarcophages égyptiens et vases grecs ont été réunis, prêtés notamment par le Metropolitan Museum of Art de New York, le Collège de France, le British Museum et les musées du Capitole de Rome.

"L'objectif c'est de montrer que cette archéologie musicale est capable de nous donner une idée des sons de l'Antiquité", explique Sibylle Emerit, commissaire et ancienne membre de l'Institut français d’archéologie orientale.

Outre les fragments de cor en ivoire d'hippopotame et de flûte en roseau, le parcours est ponctué de reconstitutions sonores. Ainsi cet "ode à la femme aimée" de la poétesse Sappho du VIIe siècle avant J-C, psalmodié en français et en grec ancien. Ou encore ces interprétations datant des années 1970 du plus ancien chant connu à ce jour, l'hymne d'Ugarit (Syrie actuelle) du XIIIe siècle av. J-C sur des tablettes doublé d'indications musicales en langue akkadienne.

"La musique n'est pas un accessoire, elle est nécessaire au rite, en attirant l'oreille des dieux", souligne Alexandre Vincent, l'un des commissaires, ancien membre de l’École française de Rome.

"Musiques ! Échos de l'Antiquité", visible jusqu'au 15 janvier, déconstruit également les stéréotypes de l'imaginaire occidental, notamment dans les péplums hollywoodiens, hérités en grande partie du XIXe siècle.

On apprend, par exemple, que la célèbre marche triomphale d'"Aïda" de Verdi est le fruit d'une méprise.

Le compositeur avait fait appel à des égyptologues, qui lui indiquèrent un vestige, entré au Louvre en 1857, de ce qui avait été pris à tort pour une trompette et qui servit de modèle pour la réalisation de copies destinées à l'opéra.

Ce n'est que dans les années 1970 que l'erreur est corrigée... et qu'un conservateur se rend compte qu'il s'agissait en réalité d'un brûle-parfum.

À la une

Sélectionné pour vous