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Avec "Enfin!", Polnareff fait un retour un peu vain

Presque trois décennies que ses "moussaillons" l'attendaient: le bien nommé "Enfin!", dixième album studio de Michel Polnareff, sort ce vendredi, débordant d'idées et de sonorités qui ne font cependant pas des chansons, comme si "l'Amiral", à trop dériver, n'était pas arrivé à bon port.

Vingt-huit ans après "Kâmâ Sutrâ", qui s'était écoulé à plus de 200.000 exemplaires, porté par les singles "LNA HO" et le sublime "Goodbye Marilou", Polnareff a-t-il perdu le "mojo"?

La question est devenue de plus en plus pertinente au fil d'années passées sans que ce mélodiste hors pair - un des seuls Français que nous aient toujours envié les Anglosaxons - n'ait réussi à boucler ce nouveau disque, tant de fois annoncé, autant de fois repoussé.

Depuis 1990, ses fans ont dû se contenter de peu: un single sans relief en 1999, "Je rêve d'un monde", un deuxième en octobre 2006, "Ophélie flagrant des lits" qu'on retrouve ici dans une nouvelle version pas plus convaincante, et un troisième en décembre 2015, "L'homme en rouge", également dans "Enfin!".

Mais ils ont apprécié de voir leur idole, bronzée au soleil californien derrière ses éternelles lunettes blanches, tenir la forme lors de son retour triomphal sur les scènes françaises en 2007.

Et ils ont craint aussi le pire en décembre 2016 lorsqu'il dut annuler les deux dernières dates de sa dernière tournée, en raison d'une embolie pulmonaire bilatérale qui faillit lui coûter la vie.

Un motif médical contesté par le producteur Gilbert Coullier, qui estimait que le chanteur avait simulé pour annuler ces deux concerts et qui reste depuis sur deux batailles remportées dans la procédure en diffamation intentée par Michel Polnareff.

Entre-temps a été évoqué son retour début 2019 dans la comédie musicale "Le Fantôme de l'Opéra" au Casino de Paris. Une arlésienne de plus pour le chanteur de 74 ans qui s'est dit "incapable de répondre" sur ce sujet jeudi au Parisien: "C’est un grand mystère. Je me demande même si ce n’est pas un gag".

- Maelstrom sonore -

A propos de toutes ces années blanches, il a en revanche voulu "faire une rectification".

"Quand ils disent que je n’ai pas d’inspiration, le public et le métier confondent deux choses: composer et sortir un disque. Rien ne m’oblige à sortir un disque", a-t-il dit.

"Depuis vingt ans, j’ai composé de quoi faire dix disques au moins. Mais cette musique, je l’ai faite pour moi. Quand je suis au piano ou à la guitare et que je compose un truc, ça y est, j’ai joui. Après, c’est à moi de décider si je fais partager l’orgasme ou pas", a-t-il expliqué.

"L'orgasme" va-t-il être partagé? Certes son solide noyau de fans - ses fameux "moussaillons" - se jettera sur cet album, qui devrait être très présent sous le sapin de Noël.

Mais les autres? Durant 66 minutes, c'est un véritable maelstrom sonore que propose Polnareff. Mais l'impression qui prédomine sur les onze pistes est le trop-plein: trop d'éléments, trop de styles (pop, rock fm, tango, disco, jazz). Un excès de gourmandise qui entraîne l'indigestion.

Dans le lot, le charme fonctionne pourtant sur "Positions", un swing cuivré emballant que n'aurait pas renié le Ray Charles de "Hit The Road Jack". Et l'émotion point sur "Grandis pas" (écrite pour son fils Louka), la seule dont les paroles soient à la hauteur de l'artiste qui a par ailleurs choisi d'inclure trois instrumentaux.

"L’idée c’est de reprendre le principe de +Polnareff’s+ (sorti en 1971, ndlr), un disque fétiche pour mes fans. Mélanger des instrumentaux et des chansons montrant mes différentes facettes. Je pense avoir réussi ce pari", a estimé Polnareff au Parisien, annonçant qu'il repartirait "peut-être" en tournée en 2019.

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