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Avec son électropop onirique, le duo Milk and Bone trace sa route

Electropop minimaliste et harmonies vocales oniriques, le groupe Milk and Bone a su trouver un auditoire croissant tout en empruntant une voie inhabituelle pour des artistes québécois francophones: chanter exclusivement en anglais.

Les deux Montréalaises Camille Poliquin et Laurence Lafond-Beaulne se sont rencontrées en étudiant ensemble le jazz et en jouant dans des groupes. Puis, un beau jour, il y a environ quatre ans, sentant une certaine alchimie s'installer entre elles, elles ont posté sur leurs réseaux sociaux des bribes d'une chanson qui allait devenir "New York".

Et le duo a rapidement eu la surprise et le grand plaisir de se découvrir une audience. Les deux amies étaient soudain devenues un groupe et elles ont dû se dépêcher de s'organiser, de se forger un look et de se trouver un nom: Milk and Bone (lait et os), dont elles ont toujours du mal à expliquer la signification.

"Nous n'avions rien vu venir parce qu'au début ce n'était qu'une plateforme pour que nos amis et connaissances puissent écouter notre musique", a expliqué Camille Poliquin à l'AFP, aux côtés de son amie, dans leur hôtel de Québec où elles participaient au Festival d'été de la capitale québécoise.

"Pressure", marqué comme plusieurs chansons du duo, par la complainte mélancolique des voix des deux chanteuses sur fond de percussions, a été écouté neuf millions de fois sur Spotify ou sur la plateforme SoundCloud.

Les textes évoquent des émotions ou des romances incertaines, mais leur point commun est d'être tous en anglais. Bien que francophones, les deux jeunes femmes, âgées d'une vingtaine d'années, sont parfaitement à l'aise en anglais.

"Quand j'écris en français, j'ai le sentiment d'écrire sur quelque chose d'extérieur à moi, alors que je veux écrire de la musique qui vient du coeur", confie Camille Poliquin.

- "Affaire de génération" -

"C'est aussi affaire de génération. Les gens de notre âge sont un peu plus ouverts et veulent faire les choses comme ils le sentent", ajoute-t-elle pour expliquer son choix.

Montréal - la métropole d'une province où la défense de la langue française demeure une importante préoccupation - a aussi produit de nombreux artistes anglophones, du chanteur et poète mythique Leonard Cohen aux rockers d'Arcade Fire.

Mais il est moins fréquent de voir des Québécois chanter seulement en anglais. La grande vedette québécoise Céline Dion se produit dans les deux langues.

Laurence Lafond-Beaulne -- pour qui le français se prête moins bien au chant que l'anglais -- souligne que le duo n'a pas trop eu à souffrir de critiques pour son choix de chanter en anglais.

"Les gens veulent savoir pourquoi et une fois qu'on leur dit que c'est comme ca et pas vraiment une décision consciente, ils comprennent", dit-elle.

Comme leur auditoire continue à grandir, le duo projette de lancer des collaborations avec d'autres musiciens, mais il a indiqué ne pas pouvoir encore donner de détails à ce sujet.

Lors du Festival d'été de Québec, Milk and Bone s'est produit avant Cindy Lauper et Lorde, lors d'une soirée exclusivement féminine sur la vaste scène principale.

Avec le succès, le duo a essayé de se forger une image de scène. Les deux jeunes femmes ont d'abord été tentées par des visuels inspirés par les dessins animés japonais avant de se fixer sur un look plus proche de la boite de nuit ou d'un bar branché.

Pour Camille Poliquin les visuels constituent un important moyen d'expression -parfois sous-estimé - pour les artistes.

"C'est bien de s'occuper des visuels. C'est un peu comme un adolescent qui découvre qui il est. Et maintenant nous sommes des adultes - de jeunes adultes", souligne sa partenaire.

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