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Bertrand Cantat, un avenir artistique en question

Bertrand Cantat réclame le droit d'exercer son métier de chanteur, soutenu par des fans venus en nombre à ses concerts, mais les annulations et manifestations devant les salles où il se produit posent la question de son avenir artistique.

Quinze ans après la mort sous ses coups de Marie Trintignant, Cantat, qui a été condamné et a purgé sa peine, voit la pression s'intensifier autour de sa tournée en cours, bien qu'il ait renoncé aux festivals d'été.

Ses fans sont pris à partie par des défenseurs des droits des femmes avant les concerts. A Grenoble mardi, Cantat lui-même a été accueilli aux cris d'"assassin!". S'en est suivi un échange tendu entre l'ancien leader du groupe Noir Désir et des manifestants.

Face à la pression et au risque de débordements, son concert prévu ce vendredi à "L'Usine" à Istres a été annulé.

"D'autres concerts seront probablement supprimés", avance le journaliste musical Olivier Cachin, qui rappelle que le rappeur Orelsan avait vu "de nombreuses dates de sa tournée annulées en 2009 en raison des paroles de sa chanson +Sale pute+. Bien loin du crime commis par Cantat".

Le journaliste rock Christian Eudeline observe toutefois que "ses concerts font l'objet d'une forte demande": "Beaucoup de salles affichent complet. Cantat a un public qui le suit depuis 20, 25 ans."

Resté silencieux depuis la Une des Inrocks qui avait soulevé la polémique en octobre au moment de promouvoir son premier album solo "Amor Fati", l'artiste de 54 ans a repris la parole ces derniers jours sur Facebook, réclamant son "droit à la réinsertion" ou fustigeant "la censure" à Istres.

Après l'altercation à Grenoble, il a déploré "un déchaînement de violence, d'insultes, une pluie de coups...", avant de retirer ce message qui a provoqué l'indignation, notamment de Nadine Trintignant ou du réalisateur Olivier Marchal.

"Il est dans une phase où il veut discuter. Il voudrait qu'on passe à la suite, mais (...) sa tentative de communication est assez maladroite", estime Olivier Cachin.

- Un homme de scène -

"Cantat est un être humain avec toutes les maladresses que ça comporte", renchérit Christian Eudeline, soulignant par ailleurs que "ni son manager, ni sa maison de disque (Barclay) ne peuvent être H-24 sur lui pour maîtriser sa communication".

Pour autant, l'avenir de Cantat chez Barclay, la seule maison de disque qu'il ait connue, ne semble pas compromis, selon lui. "Il a des amitiés fortes, de 20, 30 ans chez Barclay. On ne lâche pas un ami et lui-même n'a jamais cessé d'entretenir ces amitiés."

"Et il a quand même vendu environ 30.000 exemplaires d'+Amor Fati+, ce qui est assez énorme compte tenu de l'absence de promotion autour du disque", ajoute-t-il.

"Il y a la reconnaissance du ventre qui date de l'époque où Noir Désir était le groupe phare du rock français", abonde Olivier Cachin.

Si Cantat est déterminé à aller au bout de sa tournée, qui doit se finir par deux dates à l'Olympia à Paris (29-30 mai), se pose toutefois la question de son avenir sur scène, voire même sur disque alors que certaines voix voudraient qu'il arrête son métier.

L'ancien producteur de Noir Désir, Dominique Revert, estime dans le Parisien que pour Cantat "c'est difficile de faire des concert. C'est malvenu. Il ferait mieux d'écrire des livres (...) ou des chansons".

"Mais que peut-il faire d'autre? Il ne sait rien faire d'autre. Il ne peut pas envisager son métier sans faire des concerts", répond Christian Eudeline.

Pour Olivier Cachin, "ce qui a déclenché et intensifié le problème, c'est qu'il est revenu en son nom propre" et non pas avec un groupe, comme en 2013. "Là, sur la pochette de son disque, sur les affiches, on voit son nom, sa photo. De surcroit, l'affaire Weinstein a éclaté et changé la donne. Je ne vois pas comment il peut s'en sortir."

Son manager Sébastien Pernice assurait fin janvier dans le Parisien que tant que le chanteur "le souhaitera(it)", il "se battra(it) pour qu’il fasse des disques et qu’il monte sur scène".

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