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Charles Dumont: Piaf, Streisand et "Madame la chance"

Edith Piaf, Sophie Makhno, Barbra Streisand et une certaine "Madame la chance": Charles Dumont, qui donnera le dernier concert de sa carrière le jour de ses 89 ans, lundi à Bobino, évoque pour l'AFP les femmes qui ont changé sa vie d'artiste.

- La "Môme" -

1956. Charles Dumont, 27 ans, est un musicien encore méconnu lorsque sortent de son piano les notes de ce qui deviendra une des chansons françaises les plus connues mondialement: "Non, je ne regrette rien".

"Piaf m'avait déjà viré trois fois, je ne voulais plus la revoir", raconte-t-il. "Mais Michel Vaucaire, qui a écrit les paroles, m'a convaincu de retenter le coup en 1960. Quand elle a appris que je serais là, elle a hurlé, exigeant que le rendez-vous soit annulé."

"On s'est quand même présentés à son domicile. Elle nous a laissés entrer. J'ai joué le morceau au piano. Et... on ne s'est plus quittés. A ce moment-là, elle était au plus mal et ce titre lui a apporté la résurrection. Je lui ai fait des chansons jusqu'à sa mort en 1963, dont +Mon Dieu+, +Les Flonflons du bal+, +Les Amants+. Si je suis devenu un compositeur international, c'est grâce à Edith."

Parfois, Charles Dumont assure les premières parties de Piaf. "Un soir, je lui dis en sortant de scène que le public n'était pas bon. Elle me regarde droit dans les yeux et me dit: +ce n'est pas eux qui étaient mauvais. C'est toi qui n'étais pas bon+. J'ai alors compris que le public ne fait pas le succès, c'est ce qu'on donne qui marche."

- Sophie, dite Françoise -

"J'ai eu trois mamans: ma mère qui m'a mis au monde. Edith qui a mis les projecteurs sur moi. Et enfin Sophie Makhno", énumère Charles Dumont.

Une troisième "maman", pourtant née quatre ans après lui. Sophie Makhno, qui était aussi connue sous le pseudonyme de Françoise Marin et Françoise Lo, a été la secrétaire de Barbara, avant de devenir directrice artistique chez CBS en 1967. Leur rencontre cette année-là marque le début d'une collaboration longue de 40 ans.

"Sophie m'a proposé les paroles de +Ta cigarette après l'amour+. C'est devenu un succès. Grâce à elle, j'ai fait une carrière. Durant tout ce temps, on ne s'est jamais tutoyé, on ne s'est jamais fait la bise", dit celui qui doit ses disques d'or aux chansons d'amour de cette parolière disparue en 2007.

- "Babs" -

"J'ai eu des coups de coeur avec d'autres artistes, mais ça n'a pas duré...", raconte Charles Dumont, évoquant Juliette Gréco, Jacques Brel, Dalida et même Jacques Tati dont il a composé la musique du film "Trafic".

Il a également collaboré avec Barbra Streisand. "C'est le destin qui m'a donné un coup de pied aux fesses. Un éditeur m'a conseillé de lui proposer une de mes compositions. Je suis allé à New York. Je l'ai jouée sur un piano dans sa loge de Broadway. Elle était très sympa, adorable. Elle m'a dit: +ça me plait beaucoup. Je ferai le disque. Au revoir, jeune homme+. Je ne l'ai jamais revue..."

"Le mur" chanté en français sur la face A, et sa version anglaise titrée "I've been Here" sur la face B, figurent sur le 8e album de la star américaine, "Je m'appelle Barbra" paru en 1966.

- "Madame la chance" -

"Piaf ne voulait pas me rencontrer, et moi non plus! On n'est pas toujours responsable des rencontres. Il y a le hasard, la chance... Cela incite à retenir quelque chose d'essentiel: la modestie", estime Charles Dumont.

"Tout le monde veut avoir un câlin avec +Madame la chance+, mais il ne faut pas oublier de lui faire la cour", poursuit le chanteur qui s'apprête à dire "au revoir" à son public.

"Je ne veux pas jouer les héros au combat. Les héros, je les admire beaucoup mais je n'ai pas tout compris. Je ne vais pas mourir en scène. C'est déjà assez pénible de penser qu'on va partir..."

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