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Cinéma: le fantastique reste "mal considéré" en France

Pour Fausto Fasulo, rédacteur en chef du magazine spécialisé "Mad Movies" et directeur artistique du Paris International Fantastic Film Festival (PIFFF), le fantastique demeure "assez mal considéré" en France.

Q: Y a-t-il une vague de films d'auteur fantastiques français, plus nombreux actuellement ?

Je ne sais pas si en termes de volume il y en a plus, mais je dirais en tout cas qu'ils sont peut-être mieux couverts par la presse et peut-être aussi tout simplement de meilleure qualité.

Julia Ducournau, Bertrand Mandico (+Les Garçons sauvages+, ndlr), ce n'est pas des gens qui arrivent de nulle part. Ils arrivent peut-être au bon moment.

Et il y a quelque chose aussi au niveau de certains festivals, spécialisés ou non, qui ont tendance à prendre ces films en sélection et à souvent les pousser, ce qui leur permet d'avoir un écho international, de courte durée certes mais un écho quand même (...)

Mais ces films là restent des prototypes cantonnés à des sorties confidentielles. Quand ils ont droit à des sorties plus importantes, ça ne marche pas. Il n'y a jamais eu de véritable vague, parce que les films n'ont jamais marché au box-office".

Q: Quelles sont les raisons qui expliquent ce difficile décollage ?

R: "Je pense qu'il y a beaucoup de crispation de la part du système français, et chez les exploitants qui ne veulent pas toujours que les films interdits aux moins de 16 ans sortent dans leurs salles. Et le public aussi est responsable de ces échecs, puisqu'il ne va pas voir ces films là (...)

Les films fantastiques français sont associés à une production plutôt bas de gamme, à quelque chose qui n'est pas dans le ton franco-français, à une vague copie des produits américains, ce qui parfois n'est pas faux (...)

De manière générale, je pense que le fantastique reste assez mal considéré, mal compris en France. Après, dans la presse, ça a quand même bougé, parce que les générations qui écrivent changent aussi et n'ont pas grandi avec les mêmes références que leurs aînés.

C'est aussi quelque chose que l'on retrouve chez les producteurs qui, de par une cinéphilie plutôt axée sur le genre, vont essayer de pousser ce genre de projets.

Mais globalement, ça reste assez compliqué. On est assez lents à la détente".

Q: Est-ce que l'on a des barrières culturelles en France vis-à-vis du fantastique ?

R: Non, on a plein de mythologies très intéressantes, un vrai folklore fantastique que l'on pourrait vraiment exploiter.

Mais on n'a jamais vraiment su le faire, à l'exception de Christophe Gans avec +Le Pacte des loups+ et la Bête du Gévaudan. (...).

On ne sait pas non plus exploiter à proprement parler des franchises. Les seules franchises que l'on sait exploiter, c'est des adaptations de nos propres bandes dessinées (...) On est un pays qui reste arc-bouté sur la comédie.

(Propos recueillis par Sophie LAUBIE).

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