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Cinéma: Louis Garrel ou la hantise "d'ennuyer les gens"

Enfant de la balle devenu tête d'affiche du cinéma d'auteur français, de Christophe Honoré à Valeria Bruni Tedeschi, Louis Garrel confesse à l'AFP une hantise: "ennuyer les gens". Qu'il conjure en repassant derrière la caméra pour sa dernière comédie, en salles mercredi.

Comme dans ses trois précédents films, dont "Les Deux Amis" et "L'homme fidèle", Garrel, qui à 39 ans garde ses airs de jeune premier, est présent devant et derrière la caméra pour cette comédie familiale en forme de film de braquage, baptisée "L'Innocent".

"C'est presque un polar familial et une comédie sentimentale... En essayant de faire rire les gens, on les captive plus. J'ai très peur de l'ennui. Ennuyer les gens, c'est ma terreur dans la vie !", a confié l'acteur, lors de la présentation du film au dernier Festival de Cannes.

Le film raconte l'histoire d'Abel (Louis Garrel), jeune Lyonnais qui tente de réfréner les ardeurs de sa mère Sylvie (Anouk Grimberg) pour son nouveau petit ami, Michel (Roschdy Zem), détenu rencontré dans la prison où elle anime des ateliers.

Car Michel, qui a promis à Sylvie de se ranger et de rompre avec son passé de délinquant, aimerait monter un dernier coup pour mettre l'élue de son cœur à l'abri du besoin et lui permettre d'ouvrir sa boutique de fleurs.

C'est sans compter sur la vigilance d'Abel et de sa meilleure amie, Clémence (Noémie Merlant), qui vont, contre leur gré, se retrouver embarqués dans un rocambolesque projet de braquage... où rien ne se passera comme prévu.

Un an après "La Croisade", tourné en famille avec sa femme Lætitia Casta et qui peinait à trouver le ton juste pour faire rire avec la crise climatique, Louis Garrel se montre bien plus convaincant et subtil avec cette comédie imprégnée de sa propre expérience.

Lorsqu'il avait 18 ans, sa mère, l'actrice Brigitte Sy, s'est en effet mariée à un prisonnier après avoir animé des ateliers en milieu carcéral. Une rencontre de deux mondes que tout oppose qui a profondément marqué Garrel à l'adolescence et qui, vingt ans après, fournit le carburant émotionnel de "L'innocent".

- "Le truc pour mettre à l'aise" -

"J'ai mélangé des éléments autobiographiques et j'ai réinventé tout ça pour faire que le film soit le plus accessible possible, et le plus drôle à regarder, léger comme une aventure un peu picaresque", poursuit Louis Garrel, convaincu, "comme Kundera, que la profondeur réside dans la légereté".

"J'avais tout un segment qui pourrait s'apparenter au film de braquage mais je ne peux pas du tout rivaliser avec le cinéma américain", s'amuse Louis Garrel, en référence à une drôlatique scène sur une aire d'autoroute, où Abel et Clémence vont jouer les amants brouillés pour tenter de détourner l'attention d'un camionneur: "On a fait +très français+, en mariant braquage et marivaudage !".

Un mélange des genres auquel Noémie Merlant ("Portrait de la jeune fille en feu", "Les Olympiades"), rarement vue dans un registre comique, ne s'est pas fait prier pour entrer. Un pari gagnant.

"Ce n'est pas évident de faire rire. Dans la vie, je ne trouve pas que je sois quelqu'un de très drôle", convient l'actrice. "Quand on balance une blague, on a toujours peur qu'on ne comprenne pas que c'est de l'ironie, que ça fasse un bide".

Alors, pour son rôle dans "L'Innocent", elle a dû travailler le lâcher prise. "Louis m'a mise à l'aise, il a le truc pour capter et mettre à l'aise les gens, c'est essentiel en comédie et, comme je n'en avais jamais fait, j'avais beaucoup d'appréhension". "Le côté léger de la comédie m'a demandé beaucoup plus de travail de concentration".

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