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Cité du cinéma: la Cour des comptes évoque un éventuel détournement de fonds publics

La Cour des comptes critique, dans une "note confidentielle" transmise "à la justice", le financement de la Cité du cinéma créée à Saint-Denis par le réalisateur et producteur Luc Besson, évoquant des soupçons de "détournement de fonds publics", écrit samedi Le Parisien.

Le quotidien précise que ce rapport a été transmis "à la justice" et se trouve sur le bureau de la garde des Sceaux, Christiane Taubira.

La Cour des comptes et le ministère de la Justice, interrogés par l'AFP, n'ont pas souhaité faire de commentaire.

Aucune confirmation de l'existence de ce signalement n'avait non plus pu être obtenue samedi auprès des parquets de Bobigny (le siège social d'EuropaCorp se trouvant en Seine-Saint-Denis) et de Paris, compétent en matière de délits financiers.

Selon Le Parisien, les juges financiers affirment, dans cette "note d'alerte", que "le financement public de la Cité du cinéma, décidé par quelques hauts responsables publics (...) a été effectué pour permettre l'aboutissement du projet qu'une société privée portait pour son bénéfice, le caractère général du projet restant à démontrer".

La société EuropaCorp de Luc Besson, à l'origine du projet achevé en 2012, est visée. Elle n'avait pas réagi samedi en début d'après-midi.

Dans cette note citée par Le Parisien, la Cour des comptes insiste sur le "souhait de la présidence de la République", pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, de voir le projet "aboutir". "La proximité de M. Besson et de certains de ses collaborateurs avec les plus hautes autorités de l'Etat a pu favoriser une intervention concertée des acteurs publics", ajoute-t-elle, soulignant que le directeur général d'EuropaCorp, Christophe Lambert, avait "travaillé auprès de Nicolas Sarkozy pendant la campagne de 2007".

"Les conditions de montage et de financement de l'opération (...) sont susceptibles de caractériser le délit de détournement de fonds publics et de recel de ce délit", affirment les auteurs de cette note, selon le quotidien.

Installée dans une ancienne centrale thermique à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), la Cité du cinéma avait été inaugurée en septembre 2012 en l'absence remarquée de la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, accusée à l'époque d'avoir "séché" la réception.

"Aurélie Filippetti avait été vivement critiquée l'an dernier pour ne pas être allée à l'inauguration, aujourd'hui l'histoire semble lui donner raison", déclare une source proche du dossier en évoquant "des soupçons pendant la campagne électorale d'intervention du cabinet de Sarkozy au plus haut niveau, du fait qu'il ait tordu le bras des services de la Caisse des dépôts et des consignations".

Les concepteurs de la Cité du Cinéma affichaient l'ambition d'en faire un "Hollywood à la française", le complexe permettant la production en France de films de A à Z.

Autour d'une nef centrale, s'articulent toutes les autres structures : neuf plateaux de tournage (de 600 à 2.100 m2) à l?acoustique ultra-moderne, des ateliers de peinture, menuiserie, serrurerie, les locaux de École nationale supérieure Louis Lumière ainsi que l'école créée par Luc Besson qui accueille une soixantaine d'élèves, sans conditions de ressources ni de diplômes.

Le montage financier de la Cité du cinéma avait été bouclé en 2008 : 170 millions d'euros, dont 140 millions pour l'achat du foncier, détenu à 100% par la société Nef-Lumière (75% pour la Caisse des dépôts, 25% pour le groupe Vinci) et 30 millions pour la construction des plateaux de tournage via différentes sociétés de Luc Besson (Front line, EuropaCorp, Euro Média group) et Quinta communications, le groupe du producteur de cinéma et homme d'affaires tunisien, Tarak Ben Ammar.

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