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Dadju arrache l'étiquette du gentleman

On l'a catalogué gendre idéal mais il "n'aime pas les cases": Dadju, frère de Gims, surprend avec son deuxième album, "Poison", plus hip-hop, plus brut, et se confie à l'AFP, entre père absent et mauvaise passe "SDF", adolescent.

Quand on lui parle d'un disque-thérapie - sortie prévue le 15 novembre - il acquiesce. "Je n'ai jamais vraiment parlé de moi, jamais dit que pendant un an, un an et demi j'ai vécu dehors, j'étais SDF", développe-il.

"J'étais en 5e, ma mère enchaînait les petits boulots, on était en retard de loyers, on a été expulsés", poursuit-il. "Poison" s'ouvre sur "Confessions" où on entend "J'connais la douleur du pauvre/J'veux plus de cette vie".

C'est sa conseillère principale d'éducation qui les a tirés de là. "Elle a emmené ma mère - qui n'avait pas de papiers (elle vient de la RD Congo, ndlr) - à la mairie, ma CPE parlait en notre nom, disait +c'est inadmissible+". Il marque une pause, les yeux embués, avant de reprendre l'entretien.

Il n'avait "plus du tout de signe de cette personne" mais elle l'a retrouvé sur Instagram. Il l'appelle tout de suite. "Je suis super connu, elle sait qu'elle peut avoir des places de concert, peut même me demander de l'argent: elle m'a juste dit, +je suis contente de voir que tu vas bien, passe une bonne journée+. C'est une source d'inspiration cette femme, une des raisons pour lesquelles j'ai monté une asso, Give Back, pour redonner aux autres".

- "Les p'tits parlent cash" -

Le petit frère de Gims - "on n'a pas grandi ensemble, lui, né au bled (RD Congo, ndlr), ensuite à Paris, moi dans le 93" - chante aussi avoir poussé sans père dans "Papa". "Je le voyais une fois par an ou tous les deux ans".

La chanson est écrite du point de vue de l'enfant qu'il était et libère ce qu'il aurait aimé lui dire à l'époque. "Quand t'es adulte, t'es dans le tact, l'empathie, mais les p'tits parlent cash - +j'te pardonne pas+ - sans filtre", analyse-t-il.

A 28 ans, il n'est "plus dans la haine": "Je parle avec lui, comme encore hier soir, ça n'a rien à voir avec l'amour pour ma mère, mais ça reste mon père, ce n'est pas quelqu'un de mauvais, il n'est juste pas fait pour être père".

Il ne cache rien dans l'album des difficultés à concilier son début de carrière météorique et sa vie de famille. "En 2017, il y a eu mon premier album, je me suis marié, j'ai eu une fille, ma femme n'avait pas forcément choisi cette vie, son mari n'était pas là - j'étais en tournée - elle a vécu des moments difficiles". Ça va mieux: "Là, on arrive à trouver un bon équilibre".

Ses fans risquent d'être étonnés par des titres comme "Compliqué", histoire d'adultère qui n'est pas inspirée de sa vie mais où il se met dans la peau du narrateur. De même avec "Ma faute", où le personnage fictif n'ose pas dire à sa moitié qu'une autre attend un enfant de lui.

Dadju détonne aussi avec "Paire d'as", en collaboration avec Nekfeu, et "TPB" (pour "T'es pas Beyoncé") avec Koba LaD, dans un style hip-hop, loin du r'n'b de "Reine" sur son premier album.

"Je n'aime pas les étiquettes, les cases, je n'aime pas qu'on dise que je suis un artiste afro, r'n'b... Je suis un artiste, là c'est mon côté rap, c'est toujours là chez moi", souligne-t-il.

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