Accueil Actu

Danièle Gilbert : "J'ai horreur de la nostalgie, même si j'en fais partie"

De 1968 à 1982, "La Grande Duduche" a partagé les déjeuners de millions de Français avec Midi Première. Animatrice emblématique, Danièle Gilbert qui ressuscite sur scène son émission de télé culte, confie à l'AFP "avoir horreur de la nostalgie, même si (elle) en fait partie".

"C'est sans doute difficile à croire mais je ne suis pas nostalgique du tout. Les téléspectateurs me témoignent toujours leur fidélité et cela me touche. Je fais partie de la nostalgie mais pour moi, l'instant présent est le plus important", assure-t-elle à l'AFP.

"En ressuscitant sur scène Midi Première, je reprends l'histoire simplement là où elle s'est arrêtée. Comme si le temps ne s'était pas écoulé", explique Danièle Gilbert qui a débuté en 1964 comme speakerine à Télé Auvergne, après avoir été élue par des téléspectateurs.

A Paris, elle fera équipe successivement avec Jacques Martin et Pierre Bellemare avant de voler de ses propres ailes. Seule aux commandes de Midi Première, émission phare des années 70 de la première chaîne (ancêtre de TF1) présentée en direct en plateau ou d'une ville de province, l'animatrice a reçu toutes les personnalités du monde artistique et culturel.

Titulaire d'une licence d'allemand, l'enfant de Chamalières (Puy-de-Dôme) qui a notamment interviewé l'ex-président Valéry Giscard d'Estaing jouant de l'accordéon, a été écartée du petit écran en janvier 1982.

A l'affiche du Casino de Paris le 11 mars dans le cadre d'une tournée, Danièle Gilbert qui fêtera ses 76 ans quelques jours après, va faire revivre Midi Première grâce à des sosies de Carlos, Sylvie Vartan, Claude François, Dalida et Coluche avec danseurs et orchestre, autant de vedettes qu'elle a reçues si souvent dans son émission fétiche.

Elevée au rang de chevalier des Arts et Lettres en 2011 comme "star emblématique" de la télévision française, l'animatrice qui a enchaîné depuis son éviction des participations éphémères dans des émissions à la TV ou à la radio, assure qu'elle n'a "ni rancune ni aigreur".

"En 1982, on m'a montré la porte alors que le succès était là. Si j'avais voulu me battre, ça ne se serait pas passé comme ça, mais je ne sais pas quémander. J'ai besoin du désir de l'autre", dit-elle.

- Sans prompteur ni oreillette -

"Si la sanction était venue du public, j'aurais été très malheureuse. Là, c'était une décision d'en haut, extra-professionnelle. Si j'ai pleuré lors de la dernière de Midi Première, c'était à cause des témoignages émouvants de téléspectateurs que je recevais par milliers dès que la fin de l'émission a été annoncée", ajoute Danièle Gilbert.

Après toutes ces années, l'animatrice confie qu'elle se sent "partout en France comme dans la rue de mon enfance".

"Cette popularité qui ne me quitte pas, c'est un cadeau de la vie! Avec 14 millions de téléspectateurs, Midi Première était un magazine des arts, des lettres et du spectacle. Je recevais aussi bien Claude François que Raymond Aron", souligne-t-elle.

"Des journalistes disaient que j'étais bé-bête parce que je faisais du populaire. Ce qui les embêtaient, c'est que j'avais fait des études. Si les téléspectateurs ne m'avaient pas élue pour être speakerine, j'aurais été prof d'allemand. Je n'ai jamais aimé l'étalage du savoir. Je préfère l'intelligence du coeur", dit Danièle Gilbert.

"Je n'avais ni prompteur ni oreillette. Ça n'existait pas à l'époque. Ça venait comme ça. J'adore toujours improviser! C'est Cabu qui m'a surnommée +la Grande Duduche+, version féminine de son personnage de BD créé dans Pilote en 1963", ajoute l'animatrice, reconvertie aussi depuis quelques années comme comédienne de boulevard.

"J'adore la radio qui reste le dernier espace de liberté. L'antenne, c'est l'endroit où la timide que je suis, se sent malgré tout la plus à l'aise. Si on me proposait d'être chroniqueuse TV, ça me plairait !", dit-elle.

Que pense-t-elle de la télévision d'aujourd'hui ? "Les téléspectateurs ne sont plus écoutés. On leur impose des animateurs stars qui n'ont pas suffisamment de considération pour les artistes qu'ils reçoivent".

"Si on s'intéressait un peu plus aux autres, la France aurait moins de problèmes", estime-t-elle. "C'est ce qu'on appelle le vivre ensemble qui m'a toujours guidée".

À lire aussi

Sélectionné pour vous