Accueil Actu

De vrais faux Rodin de retour devant la justice

Contrefaçon industrielle ou simples tirages posthumes ? La cour d'appel de Paris juge à partir de mercredi une société et son gérant pour avoir fabriqué et vendu à l'étranger des œuvres produites à partir de moules originaux d'Auguste Rodin, sans l'autorisation du musée Rodin.

Les prévenus, dont Gary Snell, gérant américain de la société Gruppo Mondiale, sont poursuivis pour avoir édité et commercialisé des œuvres du père du "Penseur", sans dire qu'il s'agissait de simples reproductions, à partir de plâtres de la fonderie Rudier utilisée par le sculpteur de son vivant. Une contrefaçon pour le musée Rodin à Paris, qui détient les droits moraux de l'artiste.

La justice avait été saisie en mars 2001 d'une plainte pour escroquerie et contrefaçon du Musée Rodin. Dix-huit ans plus tard, l'affaire sera-t-elle enfin jugée?

En novembre 2014, à l'issue d'un premier procès, le tribunal correctionnel de Paris s'était déclaré incompétent, estimant qu'il n'était pas démontré que les sculptures aient été fabriquées, exposées ou vendues sur le territoire français. Le parquet avait fait appel de cette décision et obtenu un nouveau procès.

Mais en octobre 2017, les prévenus étaient absents: Gary Snell avait fait un AVC, un autre n'avait jamais reçu la convocation, un troisième n'avait pas répondu. La société Gruppo mondiale n'était elle plus représentée, après avoir été liquidée.

L'affaire avait été renvoyée à juin 2018, mais là encore elle avait été reportée. Le procès devrait bien démarrer mercredi et se tenir jusqu'à vendredi.

Gruppo Mondiale aurait produit, selon l'estimation d'un expert judiciaire, quelque 1.700 bronzes tirés à partir de 52 œuvres d'Auguste Rodin (1840-1917), pour un préjudice estimé à 60 millions d'euros. Lors du premier procès, Gary Snell n'avait reconnu que l'édition d'environ 500 pièces.

Les tirages ont été réalisés à partir des authentiques plâtres d'atelier, vendus par la fonderie historique de Rodin. Parmi les merveilles reproduites: "Le Baiser", "Le Penseur" ou "La main de Dieu".

Or ces œuvres, dont certaines ont été exposées comme des originaux, ne portaient pas la mention "reproduction".

La défense de Gary Snell avait estimé que le musée, prévenu du projet de "tirages posthumes", ne voulait que "protéger son monopole" sur la vente des produits dérivés.

Au contraire, au nom de la défense du "patrimoine national et universel", le parquet avait dénoncé une "publicité mensongère" et des contrefaçons portant "le cachet de Rodin", avec "un tirage numéroté et un certificat d'authenticité susceptibles de tromper les acheteurs".

À lire aussi

Sélectionné pour vous