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Décès du romancier Dominique Noguez, ancien prix Fémina

Le romancier Dominique Noguez, lauréat du prix Fémina en 1997, est mort dans la nuit de jeudi à vendredi dans un hôpital parisien à l'âge de 76 ans, a-t-on appris auprès de son éditeur.

Écrivain sensible, spécialiste du cinéma expérimental, Dominique Noguez fut notamment le découvreur littéraire de Michel Houellebecq.

Ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé de philosophie, ardent défenseur de la francophonie, Dominique Noguez est l'auteur d'une œuvre protéiforme.

Il laisse des essais sur le cinéma, de nombreux essais littéraires notamment "La colonisation douce, feu la langue française?", plusieurs livres sur Marguerite Duras, des nouvelles et neuf romans dont "Amour noir" (Gallimard) couronné en 1997 par le prix Fémina.

Il venait de publier, le 7 mars, un livre érudit et drôle, "Encore une citation, monsieur le bourreau!" (Albin Michel), rassemblant "les plus beaux aphorismes" .

Ce livre illustre bien pourquoi il avait reçu le prix de l'humour noir en 1999 (avec le livre "Cadeaux de Noël" chez Zulma). Il était également l'auteur du doux-amer "Comment rater complètement sa vie en onze leçons" (Payot & Rivages, 2002).

"L'humour est chose grave, c'est la chose la plus grave, c'est la seule chose grave. Car, s'il est véritablement déclenché et véritablement compris, il embrasse le tout de l'humaine grandeur et de l'humaine détresse. Il est solaire et, en même temps, de la nuit la plus noire", écrivait-il dans "L'homme de l'humour" (Gallimard, 2004)

En 2013 il avait publié un récit autobiographique, "Une année qui commence bien" (Flammarion) où il s'interrogeait sur les surprises et les déceptions de l'amour. Son dernier roman, "L'interruption" (Flammarion) est sorti l'an dernier. Récit d'une tentative de candidature au Collège de France, ce livre étincelant, cérébral et plein d'humour restera comme un véritable ovni littéraire avec des conversations affûtées, du sexe, des dîners, de l’enthousiasme, de la mélancolie et une surprise finale.

Une de ses dernières interventions publiques remonte à décembre dernier quand il avait regretté, dans une tribune au Monde, que les académiciens Goncourt n’aient pas couronné "Le Lambeau", de Philippe Lançon, au motif que ce livre n’est pas un roman.

Lui-même membre du jury du prix Décembre, Dominique Noguez écrivait qu'"il est temps que les jurys des principaux prix prennent acte de l’existence d’une branche de plus en plus florissante de l’arbre littéraire" qu'on appelle "l'autofiction". Il plaidait pour "reconnaître l’unité de la littérature et l’égalité des chefs-d’œuvre, quelle que soit la dose d’imagination qu’ils comportent".

Dominique Noguez avait été récompensé en 2017 (bien 2017) par le prix de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre.

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