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Dernier cinéma de "porno vintage" à Paris, le Beverley ferme définitivement ses portes

"La fin d'une époque" : le Beverley, temple du cinéma porno des années 70-80 et dernier du genre à Paris, fermera définitivement ses portes dimanche.

"Bah voilà, c'est fini", conclut dans un sourire ému Maurice Laroche, le patron depuis 30 ans de ce minuscule cinéma situé dans une ruelle à deux pas d'une autre institution parisienne du cinéma, le Grand Rex.

Maurice Laroche, qui se préparait depuis des mois à prendre sa retraite, a longtemps espéré que sa salle aux 90 fauteuils en skaï rouge reste un cinéma ou un théâtre, mais c'est finalement un promoteur immobilier qui a racheté les murs.

A 75 ans il va rentrer chez lui, à Royan, station balnéaire de Charente-Maritime, avec ses "souvenirs plein la tête" et deux fauteuils rouges. "Je vais les mettre sur mon balcon", dit-il à l'AFP.

Le reste - fauteuils, affiches, films et vieilles bobines - sera vendu lors d'une vente publique dans la petite salle dimanche, après une dernière "soirée couples" samedi soir.

En attendant, les clients - majoritairement des hommes d'un certain âge qui ne maîtrisent pas internet, et quelques plus jeunes fans d'un porno "plus authentique" - se pressent pour profiter des dernières heures du Beverley.

Ici, pas de séances. Deux films tournent en boucle dans l'unique salle aux murs de briques, sept jours sur sept, de 12H à 21H. Pour douze euros, certains passent une demi-heure, d'autres l'après-midi devant des films des années 70-80 ou des "plus récents" des années 90.

Si le Beverley avait gardé une clientèle d'habitués, le business n'était plus rentable et les entrées se faisaient de plus en plus rares ces dernières années : environ 470 par semaine, contre 1.500 il y a 20 ans, dit Maurice, nostalgique d'un temps où l'on trouvait "une dizaine de cinémas porno entre République et Opéra".

"A la haute époque, vers 1975, il y avait plus de 900 salles spécialisées pornographiques en France. Et six ans plus tard, il en restait 90", selon le spécialiste Jacques Zimmer, qui a dirigé l'ouvrage "Le cinéma X" (Ed. La Musardine).

"C'est la fin d'une aventure, c'est triste", reconnaît vendredi après-midi un client en s'engouffrant dans la pénombre de la salle bien remplie.

Un autre en sort. Dans le hall décoré de vieilles affiches il se tourne vers le propriétaire et s'inquiète: "C'est encore ouvert demain ?"

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