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Des barques chargées de migrants dans les tableaux de Barcelo

Une embarcation chargée de migrants dans la tempête, une barque restée vide en mer: le peintre espagnol Miquel Barcelo expose à partir de samedi, à Madrid, des tableaux évoquant les naufrages en Méditerranée, avec la sensation que les personnes noyées durant les traversées pourraient être des personnes qu'il a connues au Mali.

"Il est évident que c'est quelque chose qui me concerne beaucoup: un grand nombre des personnes qui meurent noyées en Méditerranée - et je suis de la Méditerranée - sont originaires du Mali, un pays où j'ai vécu de nombreuses années", a dit l'artiste de 62 ans, lors d'une rencontre avec l'AFP et quelques autres médias. "J'ai toujours la sensation que ce sont des gens que je connais personnellement".

L'exposition de plus d'une vingtaine d'oeuvres récentes destinées à la vente, dans la galerie Elvira Gonzalez, s'intitule "Vida de pulpo" (Vie de poulpe). Mais elle ne recèle que quelques représentations du céphalopode qui a toujours fasciné Barcelo comme "ce qu'il y a de plus proche d'un alien".

Deux des trois salles recèlent des oeuvres évoquant sombrement la mer. Les éléments s'y déchaînent contre des personnes aux silhouettes brouillées. Barcelo a peint ces tableaux "il y a peu", sur son île natale de Majorque (Baléares) où arrivent des embarcations de fortune.

L'an dernier, au moins 2.262 migrants sont "morts ou portés disparus" en tentant de traverser la Méditerranée, selon l'ONU.

Barcelo partage sa vie entre Paris et l'île de Majorque, voyage beaucoup, mais ne peut plus rejoindre depuis 2012 son atelier au Mali où des attaques jihadistes se poursuivent.

Evoquant les "nuages" sombres de ces tableaux, Barcelo s'est dit "préoccupé par l'indifférence aveugle" de l'époque et "une espèce d'intolérance et d'usage abusif de la loi, constamment". "On voit des symptômes d'antisémitisme, de racisme, niché là comme une sale bestiole", a-t-il dit.

Une troisième salle recèle des tableaux colorés rappelant ses oeuvres passées: esquisses de femmes nues dansantes et bondissantes, poulpe de deux mètres débordant du cadre...

Poulpes, seiches, pieuvres, poissons sont des constantes dans l'oeuvre du Majorquin qui a récemment exposé à Madrid des dessins les représentant très fidèlement, que sa mère Francisca Artigues, 92 ans, avait minutieusement brodés.

Cette année, les oeuvres de cette figure de l'art contemporain feront l'objet de différentes expositions au Japon, en Italie, en Belgique ainsi qu'au musée Picasso de Malaga (sud de l'Espagne).

A Paris, "quelques oeuvres très grandes seront exposées à Beaubourg", a-t-il dit, quand le Centre Pompidou se penchera sur le lien qui unit la préhistoire à l'art moderne et contemporain.

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