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Des cinéastes algériens dénoncent la "censure" de films en Algérie

(Belga) Un groupe de 16 professionnels algériens du cinéma a dénoncé lundi dans une tribune la "censure" exercée en Algérie et "les limites à la liberté d'expression", après la récente interdiction de diffusion de plusieurs films dans le pays.

Début septembre, le ministère des Moudjahidine (anciens combattants) a exigé des "modifications" pour autoriser la sortie en salles d'un film sur Larbi Ben M'hidi, héros de la guerre d'indépendance algérienne, en invoquant la loi qui soumet à l'autorisation préalable du gouvernement "les films relatifs à la guerre de libération nationale". Quelques jours plus tard, le ministère de la Culture n'avait pas autorisé la projection, en clôture du festival des Rencontres cinématographiques de Béjaïa (RCB), du documentaire "Fragments de rêves", de la réalisatrice algérienne Bahia Bencheikh El Fegoun, qui donne la parole à des figures des mouvements sociaux en Algérie depuis 2011. Ces interdictions, et de précédentes ces dernières années, "nous rappellent la précarité de notre profession et les étroites limites fixées à la liberté de création et d'expression dans notre pays", expliquent les 13 cinéastes et trois producteurs dans leur tribune, publiée par le quotidien francophone El Watan. Parmi les signataires figurent notamment, outre Bahia Bencheikh El Fegoun, Abdelkrim Bahloul dont deux films furent projetés à Cannes et Venise, et Karim Moussaoui, dont le récent "En attendant les Hirondelles" a été sélectionné dans une section parallèle à Cannes. On y retrouve également Fayçal Hammoum, dont le documentaire "Vote off", portrait d'abstentionnistes en Algérie, n'avait pu être diffusé au RCB en 2016, ou le documentariste Malek Bensmaïl, dont le film "Contre-pouvoirs" consacré au traval d'El-Watan durant la présidentielle de 2014, n'a pas eu de visa d'exploitation en Algérie. Ces interdictions privent le "public algérien d'oeuvres l'interpellant, lui redonnant son image, l'image de sa société, de son passé et de son présent, avec des regards critiques et diversifiés, alimentant (...) la réflexion et le débat démocratique et contradictoire dans notre pays", rappellent les signataires. Ils affirment en outre que "les dirigeants politiques à l'origine de cette censure ou validant la bêtise de ceux qui la pratiquent décrédibilisent la production cinématographique et culturelle algérienne aux yeux de son public et du citoyen". (Belga)

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