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Des décennies après ses voisins, Nîmes mise sur son passé romain

Avec un nouveau musée, dont l'architecture contemporaine face aux arènes est vertement critiquée par des experts internationaux du patrimoine, et une candidature laborieuse à l'Unesco, Nîmes mise sur son passé romain avec des décennies de retard sur des sites voisins.

Inauguré samedi par la ministre de la Culture Françoise Nyssen, le musée de la Romanité est organisé autour d'une rue intérieure suivant le tracé de l'ancien rempart augustéen. Il est doté d'un toit terrasse offrant un panorama exceptionnel et d'un jardin ouverts à tous.

Mosaïques, fresques, statues, objets de la vie quotidienne...: quelque 5.000 œuvres antiques sont désormais présentées dans un espace ultramoderne de métal et de verre de 9.200 m2, selon un parcours chronologique et thématique allant du 7e siècle avant notre ère jusqu'au Moyen-Age.

Symboliquement, le projet muséographique est "centré autour de l'atrium de 17 mètres dans lequel est exposé un fragment spectaculaire du Sanctuaire de la Fontaine, en allusion à la source originelle et à sa divinité, Némausus, qui ont donné naissance à Nîmes", explique la conservatrice en chef Dominique Darde.

Les riches collections archéologiques nîmoises étaient jusqu'ici à l'étroit dans un musée du 19e siècle alors qu'Arles (Bouches-du-Rhône) avait créé dès 1995 son vaste "musée bleu" le long du Rhône.

Pour abriter ces trésors antiques, la municipalité LR nîmoise a voulu "face aux Arènes un geste architectural contemporain comparable à celui de Norman Forster et son Carré d'Art" construit en 1993 face à l'un des autres monuments romains phare de la ville, la Maison Carrée, explique Daniel-Jean Valade, adjoint au maire chargé de la culture.

Mais, comme en 1993, ce choix et son coût --près de 60 millions d'euros-- sont loin de faire l'unanimité. Certains Nîmois qualifient de "chef d’œuvre" la façade carrée constituée de milliers de lames de verre sérigraphié rappelant le drapé d'une toge ou une mosaïque. D'autres dénoncent "une pollution visuelle horrible et coûteuse".

- "Réticences" -

vue de la session du Comité du patrimoine mondial de l'Unesco qui doit décider fin juin/début juillet à Bahreïn du sort du dossier nîmois.

"L'analyse comparative n'a pas démontré" que Nîmes "se distingue suffisamment d'autres villes aux origines romaines similaires", déplorent également les experts de l'Icomos.

Alors que des sites voisins comme Arles, le Pont-du-Gard ou Orange ont accompli les démarches et obtenu un classement au patrimoine mondial dès le début des années 1980, le processus est aujourd'hui beaucoup plus long et complexe, souligne Mary Bourgade, adjointe au maire de Nîmes en charge du tourisme et du dossier Unesco.

"On a été surpris par cet avis (de l'Icomos) mais on est confiants, on a un bon dossier", assure-t-elle. "Ce qui est important c'est que l'Etat français nous soutienne."

La ville espère développer le tourisme national et international grâce à son nouveau musée, un possible classement Unesco et un "circuit" qui la relierait à d'autres sites comparables et "complémentaires", souligne Mme Bourgade.

Mais là encore les experts internationaux lancent un avertissement sévère à Nîmes sur "les effets potentiellement néfastes" du tourisme sur son patrimoine alors que la fréquentation de ses monuments romains a bondi de 50% en 10 ans.

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