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Disparition du chanteur folk Graeme Allwright

Le chanteur français d'origine néo-zélandaise Graeme Allwright, connu notamment pour avoir adapté de nombreuses chansons d'artistes folk américains en français, est décédé dimanche à l'âge de 93 ans, a annoncé sa famille à l'AFP.

"Il a beaucoup compté pour moi et pour la chanson française en général. (...) Il a contribué à rendre la musique folk populaire en France", a confié au Parisien Maxime Le Forestier, avec qui il avait partagé la scène en 1980, lors d'une tournée au profit de l'association Partage pour les Enfants du Tiers-Monde, et qui était resté en contact avec lui.

"Il est décédé cette nuit, dans la maison de retraite où il résidait depuis une année", en Seine-et-Marne, a déclaré sa fille Jeanne Allwright.

"C'était un chanteur engagé pour la justice sociale, un chanteur un peu hippie en marge du show business qui a refusé des télés. Il a chanté jusqu'au bout, il a adoré être sur scène", a expliqué l'un de ses fils Christophe Allwright

Né en Nouvelle-Zélande en 1926, Graeme Allwright commence sa carrière comme acteur en Angleterre après la Deuxiène Guerre mondiale, avant de s'installer en France en 1948. Il n'entamera une carrière de chanteur qu'à près de 40 ans, avec un premier disque en français en 1965 baptisé "Le trimardeur", adapté du "protest singer" Pete Seeger.

Son répertoire contestataire, antimilitariste et profondément humaniste résonne avec les aspirations de la jeunesse française de l'époque.

"Petites boîtes" (adaptation de Malvina Reynolds), "Jusqu'à la ceinture" (Pete Seeger), "Qui a tué Davy Moore?" (Bob Dylan), "Johnny (texte original) et surtout "Le jour de clarté" (Peter, Paul & Mary), son plus grand succès, deviennent des hymnes de mai 68.

"Il a donné des hymnes aux gauchistes, aux scouts, aux pochtrons, aux punks à chien, aux centristes de gauche...", a résumé sur Twitter le journaliste et auteur spécialiste de la chanson française Bertrand Dicale, saluant "un bienfaiteur de l'humanité".

Dans les années 1970, Allwright adaptera de nombreuses chansons du Canadien Leonard Cohen, dont "Suzanne".

Il est aussi connu pour avoir écrit en 1968 la chanson de Noël pour enfant "Petit Garçon", version francophone d'"Old Toy Trains" de Roger Miller, ou encore "Sacrée Bouteille" (d'après "Bottle of Wine" de Tom Paxton).

Il alterne ensuite voyages et retours sur scène, où il continue à se produire jusqu'en 2015.

En 2010, l'Académie Charles Cros lui décerne un "grand prix in honorem" pour l'ensemble de sa carrière.

Il était père de quatre enfants, Nicolas, Christophe, Jacques et Jeanne.

"Il adorait marcher et chanter pieds nus", s'est aussi souvenu Maxime Le Forestier, évoquant un homme avec "une vie très saine, une vie d'honnête homme et de moine presque".

Ses chansons "ont compté (...) parmi d’autres, dans ma conscientisation politique", a de son côté expliqué dans un tweet le député européen vert David Cormand, citant notamment "Qu'as tu appris à l'école?", "qui raisonne singulièrement ces temps-ci".

Sur le même réseau social, de nombreux anonymes évoquent des souvenirs d'enfance bercés par les chansons de Graeme Allwright, disant aimer le mot "tintinnabuler" grâce à "Petit garçon" ou évoquant des feux de camp en colonie de vacances.

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